samedi 14 mars 2020

Situation exceptionnelle, personnel exceptionnel !

Communiqué

Le GDiD prend acte de la mesure générale de fermeture de l’ensemble des écoles, annoncée jeudi soir par M. le Président de la République.

Les Directrices et Directeurs d’école prendront toute leur part dans cet effort de solidarité nationale et feront tout ce que leur permet leur métier et leurs moyens pour proposer une continuité pédagogique et l’aide aux familles.

Le GDiD indique que les Directeurs durant toute la journée de vendredi ont déjà au maximum et au mieux anticipé, préparé puis géré cette continuité pédagogique avec leur équipe enseignante, très souvent sans consigne, tout en continuant la gestion de leur école et la gestion de leur classe.

Le GDiD regrette que leur métier ne soit pas reconnu et leurs moyens insuffisants, au quotidien comme dans une telle situation de crise, permettant ainsi une meilleure efficacité au service des élèves et de la Nation. Le GDiD regrette des informations souvent trop tardives et parfois trop éloignées du terrain.

Le GDiD souhaite que les autorités académiques et nationales pensent à s’appuyer sur les Directrices et Directeurs d’école, acteurs de terrain responsable des écoles, des équipes et des élèves, et à les associer à leurs prises de décisions.

Le GDiD soutient les Directrices et Directeurs dans ces circonstances compliquées et leur adresse un message de sympathie et de solidarité. Tous nous assumerons une nouvelle fois nos responsabilités avec courage, constance et détermination malgré une reconnaissance et des moyens trop faibles.

Dans cette situation exceptionnelle, nous continuerons d’être des personnels exceptionnels.


vendredi 13 mars 2020

COVID-19, gros merdier en cours...

Alors que le 6 mars je vous avais prévenu de l'imminence de la fermeture des écoles, manifestement nos institutions locales n'ont rien vu venir. Je vous annonçais un capharnaüm ? J'en ai marre d'avoir raison... Surtout quand il s'agit d'une évidence.

je ne suis pas épidémiologiste, je ne suis pas bien haut placé dans ma hiérarchie, je ne suis pas devin, mais la fermeture des écoles était une évidence.

Que ma propre institution soit infichue de le voir m'interpelle. Qu'elle soit incapable de la devancer me heurte.

A cette heure je n'ai rien : dates, consignes... Que dalle ! Si je n'avais pas prévu le coup je serais aux abois (ouah ouah !).

Bon courage chers collègues.

vendredi 6 mars 2020

Un capharnaüm annoncé...

Avec cette épidémie dont la portée s’accroît quotidiennement, c'est un beau capharnaüm qui s'annonce dans les écoles françaises. Un tiers des écoles est encore en vacances, mais avec la reprise lundi 9 mars de celles de la zone A ce sont tous les élèves de notre pays qui seront de nouveau dans des conditions de promiscuité favorables à la transmission des maladies.

Dès son début les services de santé ont rappelé avec raison les principes de base de toute prophylaxie dans les lieux communs. Qu'il s'agisse de virus ou de bactéries, le lavage des mains, la désinfection, l'éloignement à plus d'un mètre voire le confinement des malades sont des mesures logiques, compréhensibles et efficaces. Pour autant dans les écoles tout n'est pas si simple.

Marc Lipsitch, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses à Harvard, a récemment souligné que “Les épidémies de grippe sont clairement provoquées en partie par les écoles. Et nous ne comprenons pas comment fonctionnent les coronavirus avec les enfants, en particulier ce coronavirus”. C'est une situation logique : les enfants sont regroupés dans des lieux clos, la proximité est constante et les partages aussi. L'école maternelle sur ce point est particulièrement un extraordinaire bouillon de culture. Comment un enseignant pourrait-il imposer à une trentaine d'enfants âgés de deux à six ans qu'ils se touchent le moins possible, qu'ils éternuent dans leur coude, ou être certain qu'ils ont les mains propres ? Et puis la matériel de travail ou de jeux se prête, s'échange, se fait sucer parce qu'à cet âge on porte beaucoup à la bouche... C'est concrètement impossible, et c'est bien pourquoi les écoles sont des milieux propices à la propagation des maladies.

Et puis toutes les écoles ne sont pas non plus logées à la même enseigne. Depuis des années le milieu enseignant comme les associations de parents d'élèves dénoncent les conditions sanitaires de nombreuses écoles, de nombreux établissements, où les toilettes sont infréquentables tant elles sont sales ou détériorées, l'absence de savon ou même de papier-toilette, j'en passe et des bien pires. Si notre système est parait-il "national", les conditions d'entretien sont elles locales et parfois peu efficaces. Certaines écoles de Marseille dont nous savons tous l'état déplorable sont souvent citées, hélas pour celles et ceux qui y travaillent, adultes comme enfants.

Dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, les conditions de propagation du Covid-19 sont encore moins définissables qu'habituellement pour d'autres maladies. Effectivement la période d'incubation semble assez longue, entre 2 et 14 jours avec une moyenne entre 3 et 7 avant le déclenchement clair de la maladie. De plus, malgré que nous en sachions encore très peu, il est possible que les enfants jeunes soient des "porteurs sains" de la maladie - donc ne déclenchent pas d'affection visible -, ou ne présentent que des symptômes courants dans les écoles, toux et rhume. Depuis plus de quarante ans que j'enseigne j'ai quotidiennement dans ma classe des enfants enrhumés, moi-même le suis du 1er septembre au 5 juillet. Comment faire la différence entre un rhume normal et un rhume douteux ? Sans compter un printemps certainement précoce cette année qui va déclencher de nombreuses allergies à divers pollens... Bref, c'est impossible. Et malheureusement je peux parfaitement imaginer un enfant qui aurait contracté cet agaçant virus et le propagerait une quinzaine de jours avant toute alerte, soit largement le temps d'infecter une centaine de familles d'élèves et d'enseignants. Mon épouse étant immuno-déprimée par une maladie auto-immune, et arrivant tous deux dans des âges malheureusement ciblés - un enseignant de 60 ans fait partie des victimes françaises -, il me serait assez désagréable de tomber malade ou de contaminer mon épouse. J'ajoute que la proximité de ma commune d'exercice avec le CHU de Dijon fait que j'ai parmi mes parents d'élèves de nombreux personnels de santé, évidemment exposés...



Je ne cherche évidemment pas à inquiéter quiconque, et moi-même ne suis pas particulièrement aux taquets. Mais la question se pose, et sera de plus en plus prégnante à mesure que les jours passent et que  l'épidémie s’accroît. C'est pourquoi le gouvernement, certain de passer dans un proche avenir à un niveau d'alerte supérieur, envisage la fermeture des écoles. D'abord quelques-unes, directement concernées par la contamination, avant peut-être de généraliser la mesure au moins dans certains secteurs/communes/cantons voire des périmètres plus importants. Jusqu'à faire comme en Italie, où depuis hier jeudi 5 mars toutes les écoles, collèges, lycées et universités du pays sont fermés ?

Evidemment cela n'est pas souhaitable. Ce confinement généralisé serait une catastrophe, le pays serait totalement paralysé, les conséquences économiques désastreuses dans une France qui commence à peine de se relever de la crise de 2008. Mais c'est envisageable si l'épidémie devient incontrôlable, car son taux de contamination comme son taux de mortalité sont élevés, pires même semble-t-il que la grippe espagnole de 1918 qui a fait dans le monde jusqu'à 100 millions de morts selon certaines réévaluations récentes. Mais n'oublions pas que nos moyens de lutte sont aujourd'hui beaucoup plus pertinents, certains traitements paraissent dès aujourd'hui efficaces, leur élaboration est rapide, les services de santé français sont préparés et leur professionnalisme, leur dévouement et leur implication ne sont plus à démontrer. Nous avons, sur ce point, beaucoup de chance.

Néanmoins il faut donc, enseignants, Directrices et Directeurs d'école, que nous nous préparions à la fermeture de nos locaux. Au cas où...

De quelle façon ? Bien entendu pour l'instant c'est la prophylaxie qu'il nous faut mettre en place, réclamer des moyens sanitaires à nos municipalités pour nos écoles et pour le nettoyage et la désinfection des locaux, afficher, discuter en classe, insister sur le lavage des mains, etc, et rester attentifs tout en n'affolant personne... Nous savons le faire, depuis longtemps, il n'y a aucun doute sur ce point.

En revanche les directives ministérielles sont plus confuses. Elles sont même quasiment inapplicables. Jeudi 5 mars est parue la Circulaire n° 2020-056 sur la "Continuité des apprentissages en cas d'éloignement temporaire ou de fermeture d'école ou d'établissement". Dans le cas de confinement d'un élève, je cite :

" (...) le directeur d'école ou le chef d'établissement s'assure, notamment en prenant appui sur les réseaux existants (en particulier les espaces numériques de travail et la messagerie électronique), que l'élève a accès aux supports de cours et qu'il est en mesure de réaliser les devoirs ou exercices requis pour ses apprentissages."

Si un seul enfant, ou deux ou trois, sont concernés, c'est techniquement faisable. Sauf... sauf si la famille n'a pas de moyen de communication électronique, ce qui n'est pas rare en France, ou si celui-ci se résume à un smartphone. Sauf également si les supports de cours sont intransmissibles ou inutilisables sans l'enseignant. Sauf enfin si l'enseignant concerné refuse de s'en occuper, (ne serait-ce que par faute de temps) ou de donner au Directeur les moyens de le faire à sa place, et encore faudrait-il que celui-ci trouve lui aussi le temps nécessaire. Je rappelle que la Directrice ou le Directeur d'école, qui n'a pas institutionnellement le statut pour le faire, n'a aucun moyen pour contraindre un enseignant à suivre ce genre d'instruction. En aurait-il seulement envie ? Et puis, quinze jours de confinement, c'est long. Cette charge supplémentaire ne sera pas faite pour nous faciliter notre métier de Directrice ou Directeur d'école. Je n'ai pas l'habitude de citer François Jarraud, mais il a totalement raison, pour une fois, de rappeler dans un récent billet les limites du système.

Dans le cas de la fermeture d'une école - et je vous rappelle qu'il faut je crois vous y préparer -, c'est encore pire. Citation :

" (...) les responsables locaux et les équipes pédagogiques prendront les initiatives et mesures nécessaires pour préserver un lien pédagogique à distance, et pour continuer à dispenser un enseignement, en exploitant notamment les possibilités d'échanges par messagerie électronique et les espaces numériques de travail. Ils pourront aussi s'appuyer sur des ressources numériques éducatives pour enseigner et apprendre à distance, disponibles au niveau national pour l'école, le collège et le lycée sur le site Éduscol. (...)

Pour les élèves les plus jeunes, et pour tous ceux qui nécessitent une prise en charge spécifique impliquant la présence d'un adulte, la mise en place d'activités éducatives et pédagogiques devra reposer sur les familles des enfants et des jeunes concernés. Dans toute la mesure du possible, les directeurs et chefs d'établissement veilleront à ce que leur soient proposées, à distance via les outils numériques, des activités adaptées, réalisables en contexte familial. Pour les élèves ne disposant pas d'un accès à Internet, les professeurs, les directeurs d'école et les chefs d'établissement veilleront à préparer un ensemble de documents et propositions de sujets à étudier et de travaux à réaliser, adaptés à la situation d'un accompagnement en famille."

Ben voyons. C'est sûr, je "veillerai"... Directeur d'une école maternelle, ce genre de consigne ne me fait pas rire. Ces instructions n'ont pas de sens. Ou montrent la totale ignorance ministérielle du fonctionnement des apprentissages ne serait-ce que dans une Grande Section. Quant aux Moyens et aux Petits... Ils pensent vraiment que je bosse avec des fiches, des photocopies ? Oh certes certains travaux sont transférables, mais les 4/5 de ce que j'enseigne ne le sont pas. Je ne suis pas dans le notionnel moi, ou très peu, je suis surtout dans les compétences ! Bref.

Je suppose qu'en élémentaire on peut imaginer aller plus loin. Mais dans quelle mesure ? Et pour quel niveau de classe ? D'accord, ça part d'un bon sentiment, et certaines choses sont faisables avec les restrictions que j'ai déjà indiquées (équipement des familles, ou des enseignants, supports et explications intransmissibles...). Encore une fois faudrait-il pouvoir s'assurer que chaque enseignant jouera son rôle alors qu'un Directeur ne peut l'y contraindre sinon convaincre. Et puis le faire confiné chez soi est absurde... Bon, c'est évidemment impossible. Cher collègue Directrice ou Directeur, vous ferez bien ce que vous pourrez et vous pourrez peu. Dans ces conditions je ne souhaite à aucun d'entre nous de voir son école fermée. D'autant que si la "continuité pédagogique" n'était pas assurée, comprenez que c'est à nous qu'on irait le reprocher. Je crains bien que ce soit un enfer qui s'ouvre sous nos pas.

Alors à qui s'adresse cette circulaire, en fin de compte ? Le ministère ne peut pas ignorer - je l'espère tout du moins - la totale inadéquation de ce texte avec la réalité de l'enseignement primaire dans notre pays, avec la réalité de l'équipement des écoles françaises dont certaines n'ont même pas de sanitaires décents, avec la réalité de l'absence de moyens accordés à une Directrice ou un Directeur d'école, avec la réalité du niveau de vie de certaines de nos familles pour lesquelles un ordinateur est une vue de l'esprit tant prévaut parfois simplement la possibilité d'avoir un toit et de s'abriter du froid ou de se nourrir, ou encore de leur appétence à remplacer au pied levé l'enseignant de leur enfant. Cette circulaire serait-elle destinée au grand public ? Pour le rassurer et l'assurer que tout est prévu, alors même que rien ne l'est ?

Nous sommes dans une configuration inédite qui souligne encore une fois l'état désastreux de notre système éducatif qu'on prétend "national", ou aucune latitude n'est laissée aux territoires ni aux écoles quant à leurs choix, ni pour autant où serait assurée l'égalité des moyens donnés aux écoles pour simplement assurer un minimum sanitaire ou d'instruction, ni non plus permettrait équitablement de pourvoir aux besoins de base de nos familles. On appelle ça de la déliquescence.

Edit (le 6 mars à 13h) : à peine ai-je publié ce billet que j'apprends que le Préfet du Haut-Rhin ferme une centaine de locaux scolaires ou périscolaires. J'adresse à tous les personnels concernés comme aux familles tous mes voeux pour que se passe au mieux cette période difficile.

dimanche 23 février 2020

Classe exceptionnelle, campagne 2020...

En tant que Directrice ou Directeur d'école, vous pouvez peut-être prétendre à la "classe exceptionnelle" du corps des Professeurs des écoles.

Vous faites partie de ce qu'on appelle le "1er vivier", qui représente tout de même 80% du total. Il faut avoir été huit ans, de manière continue ou discontinue  :

  • directeur d’école ou chargé d’école ;
  • directeur de centre d’information et d’orientation ;
  • affecté ou avoir exercé en éducation prioritaire ;
  • affecté dans l’enseignement supérieur, excepté pour l’enseignement en BTS ;
  • directeur de centre d’information et d’orientation ;
  • directeur adjoint de SEGPA ;
  • directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques ;
  • directeur de service départemental ou régional de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) ;
  • conseiller pédagogique auprès de l’IEN ;
  • maître formateur ;
  • formateur académique ;
  • référent auprès des élèves en situation de handicap ; 
  • tuteur PFSE des personnels stagiaires enseignants, d’éducation et psychologues de l’éducation nationale. 

Les services accomplis à temps partiel sont comptabilisés comme des services à temps plein. Les agents en situation particulière (congé de longue maladie, etc.) sont promouvables. Les agents en congé parental à la date d’observation du 31 août 2020 ne le sont pas. Vous trouverez la note de service complète ici.

Les derniers chiffres connus (je ne sais pas quels seront ceux retenus par le ministère) montrent qu'il y a 391028 PE. Le contingent 2020 pour la classe exceptionnelle est de 5,72% du total, soit à la louche 22366, dont 80% soit 17893 au titre des fonctions citées plus haut, ce qui fait quand même pas mal !

Bien sûr quelques-uns d'entre nous sont déjà à la classe exceptionnelle, ce qui limite le nombre de nouveaux promus. Mais ce changement de grade se faisant généralement en fin de carrière, nous sommes nombreux aussi à prendre notre retraite et à laisser notre place... Bref, si vous avez au moins huit années fonctionnelles dans les pattes et si vous êtes déjà au moins au 3ème échelon de la hors-classe, alors vous devez candidater.

Effectivement votre promotion ne sera pas automatique, contrairement au 2ème vivier. Il est absolument indispensable que vous vous rendiez sur i-Prof pour faire acte de candidature au titre du 1er vivier.

Le serveur sera ouvert du 2 au 23 mars 2020. Vous devrez y vérifier votre CV (le mien comportait plusieurs erreurs lorsque j'avais fait acte de candidature) et l'enrichir si nécessaire, pour éventuellement justifier par exemple l'appréciation que portera votre IEN et que devra valider votre DASEN.

Effectivement le choix promotionnel se fait en fonction de deux critères, d'abord l'appréciation de l'IA-DASEN

Excellent             140 points
Très satisfaisant  90 points
Satisfaisant          40 points
Insatisfaisant        0

ensuite votre échelon dans la hors-classe et l'ancienneté que vous y avez

3e échelon sans ancienneté :  3 points
3e échelon ancienneté entre 1 jour et 11 mois 29 jours : 6 points
3e échelon ancienneté entre 1 an et 2 ans 5 mois 29 jours : 9 points
4e échelon sans ancienneté :  12 points
4e échelon ancienneté entre 1 jour et 11 mois 29 jours : 15 points
4e échelon ancienneté entre 1 an et 1 an 11 mois 29 jours : 18 points
4e échelon ancienneté entre 2 ans et 2 ans 5 mois 29 jours : 21 points
5e échelon sans ancienneté : 24 points
5e échelon ancienneté entre 1 jour et 11 mois 29 jours : 27 points
5e échelon ancienneté entre 1an et 1 an 11 mois 29 jours : 30 points
5e échelon ancienneté entre 2 ans et 2 ans 11 mois 29 jours : 33 points
6e échelon sans ancienneté : 36 points
6e échelon ancienneté entre 1 jour et 11 mois 29 jours : 39 points
6e échelon ancienneté entre 1 an et 1 an 11 mois 29 jours : 42 points
6e échelon ancienneté entre 2 ans et 2 ans 11 mois 29 jours : 45 points
6e échelon ancienneté égale ou supérieure à 3 ans : 48 points .

Vous retrouverez ces critères en annexe 1 de la note de service. Bien entendu les syndicats qui ne nous aiment pas dénoncent ces 80% qui nous sont réservés par les accords PPCR, et qui pour eux sont du favoritisme. Moi je n'y vois qu'un juste retour, minimal, de nos efforts quotidiens. Notez que le contingent de la classe exceptionnelle pour les PE, s'il n'est que de 5,72% pour 2020 comme je l'ai précisé plus haut, sera de 7,15% en 2021, 8,58% en 2022, pour atteindre 10% en 2023.

Bon, vous savez ce qu'il vous reste à faire dès le 2 mars prochain...


mercredi 19 février 2020

Un statut ! Un statut ! Mon Royaume pour un statut !

Directrices, Directeurs d'école, notre situation est belle et bien Shakespearienne :

« J'ai bien l'intention de prouver que je suis un méchant
Et que je hais les plaisirs frivoles des jours actuels. »

Pardonnez-moi cette citation de Richard III, mais à mes yeux elle correspond bien à ma position. Oui, je déteste le sort qui nous est fait, je déteste que certains veuillent encore faire croire que le Directeur d'école n'est qu'un pion dans le management d'une école, et oui je veux bien passer pour un méchant, un traître, un félon, un monstre, tant je persisterai à dénoncer des gouvernants inertes, la saloperie de certaines organisations syndicales comme de leurs affidés plus ou moins bien cachés, et la bêtise de médias qui ne font pas le moindre effort d'information avant de parler de nous, sinon pour aller consulter encore et toujours le même sempiternel syndicat qui pourtant ne représente plus que lui-même.

Enfer et damnation ! J'ai osé utiliser le terme "management" ! Que n'ai-je point fait en prenant à mon compte un anglicisme qui pourtant a une signification claire, contrairement au mot qui qualifie ma fonction... "Directeur" ? C'est tout et rien, un directeur, ça n'a plus de sens, ça représente bernique, macache, sinon peut-être en France, dans notre inconscient collectif lorsqu'on parle de l'école, une image d’Épinal qui nous reste des textes de Pagnol.

Ah les mots... des maux, bien sûr. La boutade ne me fait pas rire. Tenez, le mot "statut"... Pour paraphraser de Gaulle, est-il utile de sauter partout comme un cabri en criant "Un statut ! Un statut !" ? C'est quoi un statut ? Quel statut ? Pour qui ? Pour quoi ? Ce terme ne veut rien dire en lui-même, imaginer qu'il suffit de réclamer un "statut" pour les Directrices et Directeurs pour arriver quelque part, c'est se raconter des bobards et en semer pléthore sur sa route. On met ce qu'on veut sous le mot "statut", du bon du beau du grotesque et du laid, à chacun sa définition ou son idée, sans que personne daigne jamais expliquer le sens qu'il lui donne. Sauf pour en faire un chant ou un champ de bataille, chacun mène à l'autre.


Personne ? Ah non, moi je veux bien  Mais il faut alors peut-être abandonner cette idée qu'il faille en préalable du reste un statut pour les Directrices et Directeurs d'école. Car tout ce qu'on pourra nous accorder, y compris un éventuel titre ronflant, ne sera que parcellaire, minimal, et peut-être poudre aux yeux. Reconnaître institutionnellement ce que pourtant nous sommes actuellement de fait, cela impliquerait de transformer immédiatement 45000 Directrices et Directeurs d'école en chefs d'établissement. Est-ce faisable ? Un établissement public de moins de quatre classes - 15298 écoles en France, 34% du total - n'a pas réellement de sens quel que le bout par lequel on le prenne.

Désolé si je vous fais mal mais c'est ainsi. Oh je sais, c'est en partie ma faute, j'ai tant bataillé sur ce sujet sans toujours expliquer ce qu'il signifiait pour moi. Mais j'ai des excuses, parce que nous revenons de loin, de très loin, de si loin... Avec les copines et copains de galère du GDiD nous sommes partis du néant. Aujourd'hui nous avons convaincu le Sgen-Cfdt, le Sne, le Se-Unsa - qui tortille un peu du cul - et certainement beaucoup d'autres. Nous sommes reconnus par les élus (nous serons encore au Sénat dans quelques jours), par l'AMF (nous y avons aussi rendez-vous bientôt)... Quel succès ! Mais pour cela il aura fallu être lapidaire, féroce, revendicatif, rendre coup pour coup et mordre parfois. Il aura fallu en entendre aussi, combien d'insultes avons-nous reçu ? Et puis cette suspicion au-delà du raisonnable de chercher pouvoir de coercition, de tentation de dictature...  Mais c'est bien notre époque qui place l'émotion comme une valeur respectable, et qui ignore la raison. Rien que de l'écrire j'en suis fatigué.

Car en sommes, si nous voulons améliorer notre sort de Directrice ou Directeur d'école, c'est l'école que nous devons changer. Il nous faut un nouveau statut, oui, mais pour l'école primaire publique. Aujourd'hui nous n'avons ni le temps ni les moyens de remplir pleinement notre mission première qui est celle de faire progresser scolairement nos élèves. Principalement parce qu'on nous demande constamment d'appliquer des règles, des consignes, des objectifs, qui pour la plupart ne nous concernent pas. Ensuite parce qu'on ne nous donne pas non plus les moyens pour le faire. Dites-moi ce dont vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer...

Nos écoles doivent être autonomes dans leurs choix d'organisation, dans leurs objectifs qui ne peuvent être semblables selon la région, la commune, ou sa population. Nos écoles doivent pouvoir acter sur certains points et certaines mesures, donc avoir une personnalité morale. Ce n'est pas imaginable en deçà d'une certaine taille, d'autant que beaucoup de Directeurs actuels ne souhaiteraient certainement pas prendre une telle responsabilité. En revanche pour moi aujourd'hui les 2933 écoles publiques dont les Directrices et Directeurs n'ont pas charge de classe devraient d'office devenir des établissements du primaire. En gros au-delà de treize classes, je ne comprends pas vraiment l'actuelle distinction entre élémentaire et maternelle.

Et pour les autres écoles, qui représentent 94% des écoles publiques en France ? Si je voulais vous raconter des bobards j'écrirais que tout est possible, qu'il faut le faire et qu'on verra après... Ben voyons. Si je regarde le statut actuel des IEN je constate qu'ils agissent par délégation du DASEN ; on pourrait imaginer une construction semblable qui permettrait de partager un secrétariat, voire une intendance, entre trois, quatre, cinq "petites" écoles. Sous la férule de qui ? J'entends déjà les sarcasmes ou les hurlements si j'évoque le principal du collège ou l'IEN, et j'y ai moi-même d'énormes réticences. Un "super-Directeur", comme l'écriraient les ennemis du GDiD ? Peut-être s'il était choisi collégialement parmi leurs pairs par les Directrices et Directeurs du regroupement, ou du moins que sa nomination soulève leur adhésion. Quoi qu'il en soit, le regroupement des écoles est une nécessité absolue. Jusqu'à éventuellement créer de nouveaux établissements dont le fonctionnement propre aura alors aussi sa propre justification et son propre chef.

Malgré tout il restera encore longtemps de très nombreuses "simples" écoles. Quel statut pour leurs Directrices et Directeurs ? Peut-être aucun au sens où on entend le terme "statut". A moins d'imaginer une formule dont honnêtement je ne perçois rien. Une amélioration de leurs conditions de travail certainement, nous n'en sommes plus au désir mais à la nécessité : diminuer le nombre de leurs tâches, améliorer l'efficacité des outils à leur disposition, diminuer drastiquement leur charge de classe, diminuer leurs responsabilités dont certaines impossibles à collégialiser - en particulier la sécurité - leur incombent absurdement aujourd'hui, améliorer leur rémunération... et donc réviser le référentiel-métier impossible à tenir pour une Directrice ou un Directeur qui n'a que deux bras, deux jambes, et une seule tête.

Je sens que j'ai déprimé nombre d'entre vous, je m'en excuse. Mais on ne peut pas se voiler la face ni continuer indéfiniment à faire des plans sur la comète. La réalité nous rattrapera toujours, qu'elle soit humaine ou budgétaire, territoriale ou juridique. Un statut réel et nouveau pour les Directrices et Directeurs ne peut découler que d'un statut nouveau pour l'école. Cela réclame sinon un consensus national auquel la France n'est pas habituée et auquel je ne crois pas - malgré qu'on en ait vu dans d'autres nations -, au moins une volonté politique forte et un projet construit pour l'école publique française du XXIème siècle. Le GDiD a des idées, c'est son nom et son credo, nos alliés syndicaux aussi. Mais qui pourra nous donner une vision d'avenir ? Qui nous apportera un tel projet ? Il nous manque certainement une personnalité pour l'incarner.