Voilà, c'est fait, les promotions à la "classe exceptionnelle" pour l'année 2017 sont actées dans chaque département. Les enseignants concernés vont être promus rétroactivement au 1er septembre 2017, et la campagne 2018 ne va pas tarder - elle est même déjà lancée dans certains départements comme la Corse du Sud par exemple -.
Les enseignants?
Je ne peux m'empêcher à la lecture des résultats de ces promotions de grade de penser que les Directrices et Directeurs d'école sont une fois de plus l'objet d'une monstrueuse escroquerie. Il faut effectivement se rappeler qu'il était envisagé en 2013 de créer un "grade d'accès fonctionnel" pour les Directrices et Directeurs d'école, GRAF qui a été ensuite emporté par les vagues des accords PPCR au grand plaisir des centrales syndicales qui pouvaient alors avec allégresse inclure tout le monde dans la future Classe exceptionnelle. Un joli exercice, totalement passé inaperçu aux yeux de Directeurs d'école amorphes, qui permettait de se servir et de servir les petits copains en priorité.
Les résultats présents montrent que l'opération est une totale réussite. Le nombre de personnels "hors-sol" récompensés pour cette promotion 2017 est trop important pour ne pas laisser en bouche un goût amer. Une fois de plus les Directrices et Directeurs d'école sont abandonnés au bord de l'autoroute, une laisse autour du coup qui les attache certainement trop au terrain quotidien, celui des écoles, celui des élèves, celui d'une implication et de responsabilités fortes qui reste ignorées voire méprisées par une institution pyramidale ignorante des réalités. La proportion de nouveaux promus Conseillers pédagogiques et autres bureaucrates qui n'ont plus vu d'enfant depuis des lustres est phénoménale, constatable et constatée, admise par certains DASEN honnêtes eux-mêmes. Au détriment bien entendu des Directeurs d'école dépouillés comme dans un bois d'une reconnaissance pourtant si méritée.
Je dois admettre que la lecture de certains noms dans mon département m'a néanmoins fait plaisir. La reconnaissance du travail exemplaire de certains d'entre eux, que je concède sans sourciller, est méritée. C'est l'absence quasi systématique de celle qui nous est due qui m'apporte un certain ressentiment. Clairement nous avons été grugés, et le barème adopté n'y est pas pour rien: d'une part l'ancienneté dans la plage d'appel (soit le nombre d'années en hors-classe, selon l'échelon), qui apportait un certain nombre de points récompensant l'âge du candidat - en soi, cela n'a rien de choquant, si ce n'est que les carrières un peu chaotiques sont ainsi dépréciées -, d'autre part l'appréciation prépondérante des DASEN, certainement plus douteuse car soumise aux aléas de rapports parfois douloureux d'une Directrice ou d'un Directeur avec son IEN ou simplement à la proximité avec le DASEN lui-même pour certains postes rattachés à la DSDEN.
On peut imaginer que maintenant que les petits camarades ont été servis, la proportionnalité va faire que la promotion du 1er septembre 2018 sera un peu moins étrange pour le 1er vivier, celui qui correspond à nos huit années au moins d'investissement dans nos écoles. Wait and see. Je ne peux pourtant pas m'empêcher de penser que le système a été volontairement dévoyé.
La classe exceptionnelle apporte finalement peu en terme de rémunération. Elle était destinée à être un signe de reconnaissance de notre métier. C'est raté. Il faudra vraiment désormais être attentif à ne pas rater le coche d'un changement de statut pour les Directrices et Directeurs d'école. Il faudra persister dans un lobbying offensif, mouiller nos députés dans la réclamation des changements et des évolutions nécessaires et titiller nos politiques sans relâche, impliquer les centrales syndicales au-delà du feu de paille d'une année électorale qui fait émerger certains d'un long sommeil. La tâche est rude, mais elle est nécessaire pour l'avenir de notre école et celui de nos élèves.
Forza!