Depuis de nombreuses années le GDiD est convaincu que le statut des Directeurs d'école, que nous réclamons depuis presque vingt ans, passera nécessairement par la création d' "établissements du 1er degré". Croire encore aujourd'hui que l’État accordera un statut et ce qui va avec à 45000 Directrices et Directeurs est une illusion.
Pourtant nous y avons cru. Le Grade à Accès Fonctionnel (ou GRAF) aurait été une reconnaissance spécifique qui aurait été un second pas - important - après celui du référentiel-métier. Mais le SNUipp et d'autres ont torpillé la chose, préférant la remplacer par un grade supplémentaire, la "classe exceptionnelle", qui concerne tout le monde mais surtout pas les Directeurs d'école au vu des résultats ahurissants de la première promotion.
Il est évident que la création des établissements du 1er degré est pour beaucoup de Directrices et Directeurs un pas qui n'est pas forcément facile à franchir. Pourtant depuis quelques années nos conditions de travail se sont tellement dégradées que nous prenons aussi tous conscience qu'il nous faut porter un projet viable qui nous permettra d'exercer avec sérénité ce métier que nous aimons. Parce que nous l'aimons, c'est clair ! Qui d'autre que nous sinon pourrait accepter de continuer à travailler avec sur la tête une telle épée de Damoclès ? Nos responsabilités - sécurité, projets, gestion quotidienne... - sont telles qu'il faut aujourd'hui une jolie dose d'altruisme pour oser persister.
Un statut pour tous, nous n'y croyons donc plus vraiment, du moins dans les conditions actuelles. Surtout en ce 21ème siècle où fort justement les énergies se regroupent pour inventer de nouveaux fonctionnements territoriaux : communautés de communes, métropoles... Le nombre de communes en France est en forte baisse depuis quelques années et le mouvement s'amplifie. Pourquoi les écoles ne devraient-elles pas suivre la même voie ?
Nous pensons donc qu'il devient indispensable de créer des établissements du 1er degré qui nous correspondent. Directrices et Directeurs d'école sont les mieux placés pour inventer un établissement dont le fonctionnement, les conditions et les attendus, soient à la mesure de ce que nous connaissons de l'école primaire et de ce que nous y aimons et ne voulons surtout pas perdre. Qui d'entre nous par exemple pourrait supporter qu'un tel établissement ne soit pas "dirigé" par un ancien enseignant du primaire ?
Il serait évidemment possible de réfléchir dans son coin et de proposer un "package" bien ficelé qui peut-être en fin de compte ne conviendrait à personne, car pour discuter depuis des années avec tant de Directrices et Directeurs d'école nous savons que nos méthodes et nos conditions de travail ne sont aucunement identiques d'une commune à l'autre, du rural à l'urbain, selon nos élèves, la "richesse" de la commune... Nous avons bien sûr un minimum commun, mais on ne construit pas un tel projet sur un minimum.
Le GDiD a choisi une autre voie. Nous devons convaincre, mais aussi écouter. Pour cela rien de mieux que de faire le tour du pays à la rencontre des Directrices et des Directeurs d'école, qui peuvent exprimer leurs attentes, leurs espoirs, leurs réticences, leurs doutes, leur expérience surtout qui permet doucement d'ajouter petit à petit quelques pierres plus solides à cet édifice complexe que sera l'établissement du 1er degré.
C'est ce à quoi s'emploie depuis un an et demi Alain Rei, dont c'était aujourd'hui à Dijon - sauf erreur - la 47ème réunion de ce type à la rencontre des Directrices et Directeurs d'école. Nous n'aurions pas les moyens techniques et financiers de procéder à cet exercice de long terme et de patience si nous n'étions pas soutenus par le SGEN-cfdt qui porte aussi depuis longtemps cette idée d'établissement primaire. Cela aurait bien entendu pu être un autre syndicat allié. Mais le SGEN nous a largement ouvert les portes, avec sincérité et sans prosélytisme. Mes réticences syndicales sont suffisamment connues pour que je ne puisse guère être suspecté de me "vendre" à une centrale quelconque. Mais je suis aussi suffisamment honnête pour reconnaître quand on rend au GDiD - dont les membres du bureau je le rappelle sont tous bénévoles - un service qui n'a pas de prix pour faire avancer cette cause qui nous tient tant à cœur.
J'étais donc aujourd'hui en compagnie d'Alain Rei et de Dominique Bruneau, Directeur d'école lui aussi mais également Secrétaire fédéral au SGEN-cfdt, qui accompagne Alain dans sa tournée française des régions, à l'écoute des Directrices, des Directeurs, pour expliquer et peaufiner un projet qui sera certainement, une fois finalisé, porté tout autant par le SGEN-cfdt que par le GDiD. Ce fut une réunion instructive et aussi étonnante tant la disparité de nos conditions de travail est forte, voire stupéfiante, entre par exemple ma petite maternelle de trois classes bien dotée et les 360 élèves dispersés sur six sites ruraux d'une collègue... Mais la discussion amène rapidement sinon des solutions du moins de nombreuses pistes de travail, et un consensus clair autour d'une part l'idée que nous sommes arrivés au bout de ce qu'il est humainement possible de réclamer aux Directrices et Directeurs d'école, d'autre part celle que l'établissement du 1er degré tel que nous le concevons est une solution valide et viable pour notre avenir.
Je ne peux que souhaiter qu'à terme le GDiD et le SGEN soient suffisamment convaincants pour être attentivement écoutés par le ministère, et que les établissements du 1er degré voient le jour. A deux ans de la retraite ce ne sera pas pour moi, mais rien n'interdit de travailler pour les suivants ! Surtout quand le ministre nous annonce sans rire qu'il "réfléchira" à la question en 2019...
Si donc Alain et Dominique passent par chez vous, n'hésitez pas à vous déplacer en "formation syndicale" que vous soyez syndiqué ou non et où que vous soyez syndiqué : c'est un droit, ça n'engage à rien... et ça peut rapporter beaucoup !