samedi 31 mars 2018

La grosse offensive !

Pas eu beaucoup de temps pour écrire sur ce blog ce mois-ci... ni ailleurs d'ailleurs! Les temps ont été compliqués pour le Directeur d'école/enseignant légèrement débordé par diverses tâches et une classe de maternelle aux effectifs excessifs excitée de ne pas pouvoir mettre le nez dehors pour cause de pluies incessantes. Ouf, trois jours de répit, et plus qu'une petite semaine avant les prochaines vacances. J'avoue ne plus en pouvoir.

Cela ne m'a pas empêché néanmoins de constater avec ironie la très attendue "grosse offensive" syndicale de printemps sur les Directeurs d'école. J'ai dans le billet précédent évoqué une centrale historique, une autre que j'attendais au tournant n'a pas manqué de nous faire son discours et de nous sortir sa pétition sur le thème "la coupe est pleine pour les dirlos". Je parle de FO bien entendu, qui marque son territoire à la manière des hippopotames en vue des élections professionnelles de fin d'année, au cas où nous serions trop stupides pour voir leurs gros sabots. Par charité chrétienne, j'aime autant m'abstenir d'écrire ce que je pense.

Droit dans ses bottes, le SGEN-Cfdt continue son petit bonhomme de chemin en vantant les mérites de l'établissement du 1er degré, revendication que soutient également le GDiD tant nous croyons que c'est le meilleur moyen de conserver des structures territoriales gérées par un vrai Directeur d'école issu du terrain... et qui pourrait éventuellement y retourner s'il le souhaitait. Mais voilà-t'y-pas que le syndicat nous sort cette semaine un projet lourdingue qui complique les choses au lieu de les décomplexifier, projet dans lequel le Directeur d'établissement primaire ne serait plus qu'une portion congrue - nous sommes à peine cités! - noyée dans une profusion de nouvelles structures administratives castratrices. Question simplification, bonjour. Bref, copie à revoir, je pense. Au boulot! Notez que le SGEN continue son tour de France pour convaincre (le 6 avril à Montpellier, le 11 à Vannes, etc), que c'est sous forme de "formation syndicale" - absence de droit -, et que si vous souhaitez exprimer vos idées, vos réticences, vos doutes ou votre enthousiasme, c'est certainement le bon endroit.

Non, le travail syndical le plus épatant de ces quinze derniers jours est celui du SE-Unsa, à qui je tire mon chapeau. Je n'attendais pas grand chose de leur "quinzaine" consacrée aux Directrices et Directeurs d'école, mais leur lobbying est remarquable d'efficacité! Alors qu'on aurait pu croire que les "assises de la maternelle" initiées par le Ministre allaient faire la majorité des gros titres de presse sur l'éducation, c'est l'appel du SE qui a tenu le devant. Il faut dire que les sections locales de nombreux départements ont fait un travail considérable pour soutenir l'action nationale, avec des arguments imparables si j'excepte celui des "aides à la Direction" qui m'agace toujours autant. Du beau boulot, j'apprécie en connaisseur.

Le hasard du calendrier a fait qu'au même moment la CASDEN sortait son "enquête sur le moral des Directeurs d'école", un travail initié et conduit depuis 2003 par Georges Fotinos (si vous n'avez pas encore répondu à cette enquête, ne manquez pas de le faire en cliquant sur le lien ci-dessus). Les résultats de cette consultation sont chaque fois probants...

Bon, je vais aller manger un œuf au chocolat, un peu de magnésium ne me fera pas de mal. Joyeuses Pâques!

samedi 10 mars 2018

Un ennemi déclaré !

Les élections professionnelles de la fin de l'année 2018 excitent les centrales syndicales, dont certaines commencent fort opportunément à se rappeler l'importance des Directrices et Directeurs d'école - qui votent, eux ! - dans le processus décisionnel des enseignants du primaire.

Si le SGEN-Cfdt, le SE-Unsa, le SNALC et d'autres ont depuis longtemps pris position en faveur de la reconnaissance effective du métier de Directeur d'école, avec des projets divers, des idées différentes voire divergentes, mais au moins l'affirmation à peu près claire de la nécessité d'un statut (avec des nuances) pour notre métier spécifique, d'autres en revanche atermoient depuis toujours ou réfutent catégoriquement notre existence.  Un exercice est amusant d'ailleurs qui consiste à taper dans un moteur de recherche les mots "directeurs d'école" et ensuite "direction d'école" et de comparer les résultats: d'un côté vous trouverez des liens vers des articles des syndicats progressistes, de l'autre des liens vers des articles des syndicats "bizarres" pour lesquels l'individu n'existe pas sinon au travers du collectif... Suivez mon regard.

Parmi les plus récentes publications, celle du SNOOPY - pardon, du SNUipp, excusez, une vieille habitude - attire mon attention tant elle est bancale. J'ai l'impression que l'élaboration du texte a mobilisé la vigilance des élus nationaux qui voulant ménager chèvre et chou, soit électorat de base et Directeurs d'école, ont choisi chaque mot avec prudence. On peut y voir selon sa concentration un effort grinçant, ou une déclaration de guerre.

Allons, je vous mets le lien, ça me donne de l'urticaire, mais si je veux être clair...

Le syndicat, qui semble-t-il découvre notre situation au détriment de sa propre histoire (nous en avons tous pris plein les dents avec la célèbre "grève administrative" qu'ils ont opportunément oubliée), nous promet des "états généraux de la direction d'école". Passons d'emblée, chères et chers camarades de lutte, sur la rhétorique révolutionnaire qui me fait bien marrer tant j'ai du mal à imaginer un des trois rigolos du triumvirat snuippien en Mirabeau: "Nous sommes ici par la volonté du Peuple!".  Il y a des coups de baïonnette qui se perdent...

Passons aussi sur l'obsession des "pressions territoriales" qui consiste à nier d'une part que l'école soit communale, d'autre part que les élus peuvent être nos premiers partenaires à condition de savoir se les allier. Bien entendu je ne nierai pas ici, surtout auprès de certains d'entre vous qui ont eu à gérer des situations complexes, que c'est parfois compliqué voire infernal. Mais cela n'a rien à voir.

En revanche une première phrase m'interpelle gravement au niveau du vécu (... désolé, je n'ai pas pu m'empêcher...): "... Dans ce contexte difficile, il y a urgence à améliorer le fonctionnement pédagogique, éducatif et administratif de l’école ainsi que la reconnaissance de l’exercice de la fonction de direction." Enfer et damnation ! Ciel et putréfaction ! Le SNUipp changerait-il son fusil d'épaule? Que signifie donc cette "reconnaissance de l’exercice de la fonction de direction" ?

Pas grand chose. Concrètement même, cela ne veut rien dire. L'exercice de notre fonction est déjà explicité pleinement par le référentiel-métier de décembre 2014. Quant à sa reconnaissance, le SNUipp ne daigne pas nous expliquer ce qu'il demande. C'est logique, vous me direz, il ne demande rien, il veut juste convoquer des "états généraux", histoire certainement qu'on lui explique ce qui ne va pas. Ce qui implique qu'il n'en sait rien, et c'est un comble. Cela m'agace autant, tiens, que le discours actuel du SE qui nous pond un "enquête" afin de "placer la question de la direction d’école dans le paysage ministériel". T'en foutrai, moi, des enquêtes... M'énerve! Quand je pense que le SE a été à nos côtés depuis tant d'années pour jouer les vierges effarouchées en 2018... Grrrr.

De toute manière, si vous aviez une quelconque illusion quant aux objectifs du, vous pouvez avec allégresse mais détermination vous en tamponner le coquillard. Car le premier objectif de cette décidément inénarrable centrale inexorablement vouée à terme à une disparition peu glorieuse est (je cite) "Une publication pour mettre en avant le projet du SNUipp-FSU pour la direction d’école passant par l’amélioration des conditions d’exercice le projet démocratique pour l’école et la critique de la mise en place d’un statut de directeur d’école." Voilà qui est clair, cette fois. Les mots "projet démocratique" me font encore une fois hurler de rire, je ne savais pas que j'étais élu à mon poste, mais pourquoi pas, hein, qui n'ose rien n'a rien, même Robespierre après avoir guillotiné la moitié de ses contemporains a fini par crever couché sur une table la mâchoire arrachée.

Bref, cette découverte, si elle m'a mis en joie, n'a même pas été une illusion momentanée. Le Snoo... le machin ne veut pas de statut pour les Directrices et Directeurs d'école, un point c'est tout. Vous attendiez autre chose?

Moi oui. J'attends maintenant les offensives de SUD, de la CGT, de FO. Parce que j'aime bien rigoler.