dimanche 25 février 2018

Le prisonnier...

Une petite fantaisie parodique pour consoler les prisonniers de la zone A qui vont demain matin remettre le collier... et aussi pour les "vieux" qui ont connu l'extraordinaire série de Patrick McGoohan ! A partager sans modération...


mardi 20 février 2018

Des questions sans réponse...

Depuis quelques mois de nombreux Directeurs et Directrices d'école se mobilisent pour interpeller nos élus et représentants de la Nation à l'Assemblée nationale. Cette mobilisation est une excellente chose, qui peut faire prendre conscience à de "jeunes" députés - qui dans cette législature sont pour beaucoup néophytes - qu'il y a un problème majeur dans le pilotage des écoles en France.

Cela fait de nombreuses années qu'on nous serine une prétendue "priorité" qui serait donnée au primaire dans les projets gouvernementaux, priorité dont il faut bien écrire qu'elle reste nébuleuse, si j'excepte l'ISAE bien réelle. Les mesures du protocole PPCR, en dehors de celles qui ne coûtent rien, sont suspendues dans les limbes. Quant aux Directeurs d'école...

Plusieurs députés, par le biais des "Questions écrites", se sont donc ces dernières semaines adressés à Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale pour dénoncer notre situation. Des questions pour l'instant sans réponse. Il est vrai qu'avec la réforme du baccalauréat - nécessaire - et de l'entrée dans le Supérieur, M. Blanquer avait certainement, je veux bien l'admettre, quelque chats à fouetter. Et je pense qu'il ne tardera pas à s'exprimer sur la difficile question de la Direction d'école. Il reste à espérer que ce ne sera pas avec la légèreté qui fut la sienne lors de la réponse orale à M. Lionel Causse, réponse que j'ai récemment dénoncée.

Parmi les questions nouvellement posées par nos députés, certaines m'interrogent, voire même me dérangent, car elles ne mettent en avant nos difficultés que par le biais de la disparition des EVS "aide à la direction". A trop vouloir le bonheur de tout le monde, je pense que nous nous tirons une balle dans le pied. Ce qui est en cause est moins l'absence d'une aide non qualifiée pour laquelle chacun dans notre coin nous avons dû inventer des tâches subalternes, que la façon dont le rôle du Directeur d'école est conçu. Ce qui pouvait fonctionner en 1880 ne fonctionne plus 140 ans après. Les Directrices et Directeurs qui n'ont pas charge de classe ne sont "à tout casser" que 2500 en France, contre 44000 chargés de classe! Ce chiffre est effarant: 94% des Directrices et Directeurs d'école doivent exercer simultanément deux activités professionnelles distinctes! Ne revendiquer que sur la disparition des AAD consiste à nier l'existence de notre métier spécifique pourtant institutionnalisé par un référentiel, pour faire croire qu'il suffirait d'une vague assistance non qualifiée pour que tout se passe bien dans le meilleur des mondes scolaires. C'est faux, et c'est suicidaire. Le problème de fond est autrement plus grave.

C'est ainsi que peut hélas se lire la question posée par Mme Charvier, députée LREM du Doubs, avec tout de même une remarque que je veux mettre en exergue car elle très juste: "... comme la journée hebdomadaire de décharge n'est pas suffisante puisque certaines de ces tâches doivent être effectuées au quotidien, cela entraîne de facto une dégradation des conditions d'enseignement pour leurs élèves."

C'est ainsi aussi que peut se lire la question posée par M. Houbron, député LREM du Nord, ou celle de Mme Gomez-Bassac, députée LREM du Var, avec là également une remarque intéressante: "L'absence de statut ou de modèle de gestion libérant du temps risque de mettre en péril l'ambition de son ministère à mettre l'accent sur la scolarité, l'accompagnement et la réussite des plus jeunes à l'heure où ils débutent des apprentissages fondamentaux."

Beaucoup plus intéressantes en revanche sont trois autres questions que j'ai découvertes sur le site de l'Assemblée nationale. Celles-ci mettent l'accès sur notre position intenable et l'absurdité d'une double-casquette que nous dénonçons depuis tant d'années.

D'abord une seconde question de M. Houbron, encore lui, décidément fort actif pour ce qui nous concerne et dont nous devons bien retenir le nom, ne serait-ce que pour le remercier. Le député du Nord met l'accent sur ce qui fait mal.Après une litanie des tâches les plus lourdes genre PPMS ou AFFELNET, que je vous épargnerai parce que vous savez ça très bien, M. Houbron précise avec force et justesse: "... Il rappelle que la plupart de ces directrices et directeurs d'école travaillent dans des petites structures et exercent aussi le métier de professeur des écoles impliquant de ce fait la charge d'une classe. Il constate que ce métier s'ajoute la gestion d'une école dans ses aspects les plus prosaïques à savoir la répartition des élèves, l'organisation et la gestion des temps scolaires et passages aux temps périscolaires, l'accueil des nouveaux ou jeunes enseignants et des enseignants-stagiaires nécessitant un rôle important de soutien et de conseil, ou encore d'assurer la sécurité de tous. Il en déduit que dans 16 000 écoles, à savoir celles qui ont moins de trois classes, la directrice ou le directeur d'école doit donc exercer deux métiers à temps plein. Il ajoute que, s'agissant des écoles à fort effectif, les directrices et directeurs d'écoles peuvent, certes, miser sur une décharge totale de leur temps d'enseignement, mais doivent assurer seul la gestion de leur école. Il précise que certaines de ces écoles ont un nombre similaire voire plus important que certains collèges qui, eux, sont pourvus d'un personnel administratif étoffé et compétent chargé du secrétariat ou de la surveillance. Il indique que la création d'un statut, connu et reconnu, pour les directeurs d'écoles permettrait de dresser, lister, et préciser les différentes tâches qui leur incombent afin d'éviter la répétition des maux exposés précédemment."

Remarquable, n'est-ce pas? Merci M. Houbron.

Mme Muschotti, députée LREM du Var, enfonce un peu plus le couteau: "... Mme Cécile Muschotti interroge M. le ministre de l'éducation nationale sur l'encadrement du statut de directeur d'école et sur la nécessité de leur donner les moyens administratifs et financiers pour effectuer leur mission. En effet, à la faveur de regroupement d'établissements et de l'accroissement de la population dans certains bassins, de nombreux établissements sont aujourd'hui de taille identique à celle de collèges sans avoir les moyens humains ou financiers pour assumer autant d'élèves. S'il est vrai qu'un directeur d'une école « dense » peut bénéficier d'une décharge totale de classe, il ne peut remplacer seul le principal, le principal adjoint, le secrétaire de direction, le conseiller principal d'éducation et les assistants d'éducation dont les missions relèvent pourtant de ses attributions. Pour les établissements moins importants, la décharge est souvent partielle mais la multitude des missions, pour la plupart très chronophages, rend le « jonglage » entre les deux missions difficile. Quand le directeur ne peut exercer son métier pleinement, l'ensemble du monde éducatif en pâtit : les enseignants qui ne se sentent pas assez encadrés ou soutenus, les élèves dont le suivi n'est pas correctement assuré et les parents qui ne sont pas rassurés par la prise en charge de leurs enfants."

Enfin M. Delatte, député LREM de l'Aisne, dans une question publiée ce matin au JO, porte son propos sur les avantages de la création d'un établissement du 1er degré, ce qui met du baume à mon cœur et réconfortera certainement aussi quelques-uns de mes camarades  de travail: "... Le métier de directeur d'école a profondément évolué depuis la réforme de 1990 et les missions qui lui sont dévolues sont très nombreuses et chronophages : gestion des élèves, mais aussi gestion financière, matérielle, pédagogique, et gestion du personnel et de la vie scolaire Avec les fusions, les effectifs croissants des établissements scolaires ont modifié considérablement le rôle du directeur. Aujourd'hui, sa mission est devenue beaucoup plus administrative, centrée sur l'organisation. Il lui est plus difficile d'animer l'équipe au plan pédagogique. C'est pourquoi dégager du temps administratif en faveur du temps pédagogique et donc de faire évoluer le statut des directeurs d'école est une demande récurrente du corps enseignant. Un chef d'établissement du premier degré pourrait ainsi se voir attribuer des délégations nécessaires au bon fonctionnement de son établissement..."

Nous ne devons donc pas désespérer, et la mobilisation de nos députés par les Directrices et Directeurs d'école porte ses fruits quant à la prise de conscience d'un problème qu'il devient urgent de régler. On ne le fera pas avec des mesurettes. J'attends donc avec impatience les réponses cette fois renseignées que M. Blanquer apportera à ces questions pertinentes. Je lui rappellerai également que le GDiD,  porteur d'un projet construit, se tient à son entière disposition pour lui exposer ses idées ou simplement l'assister pour éviter erreurs et approximations.

En attendant, merci à nos députés, merci aux collègues, nous devons continuer à mobiliser nos représentants!

dimanche 18 février 2018

Créez votre compte ENSAP !

Pour une fois je ne délivrerai pas un billet revendicatif, mais un billet informatif. Si le GDiD peut vous aider, tant mieux. Et puis, nous sommes parfois mal servis par certains de nos syndicats qui préfèrent brailler contre tout et n'importe quoi... j'écris ça je n'écris rien.

Parmi les horreurs qui incombent aux Directrices et Directeurs d'école de ce pays, il en est une qui nous gêne tous profondément, et qui est ahurissante, c'est celle de délivrer à nos adjoints leur bulletin de paye. Vous connaissez, bien sûr, le désagrément comme le temps perdu à plier ça en deux ou trois, à éventuellement les mettre sous enveloppe, à les remettre en main propre. Bref, une absurdité qui montre à quel point notre administration est lamentable dans la gestion de ses personnels. Inutile d'ajouter, je le crains, que nous recevons tout ça avec au mieux trois mois de retard... Minable. Et puis alors se promener avec tout ça... Je ne sais pas pourquoi, je me sens toujours honteux quand je le fais.

Dans quelques mois tout ça sera fini. Combien de mois? Aaaah là vous m'en demandez trop, je ne sais pas si le Ministère le sait lui-même (j'en doute assez fort, en fait). Toujours est-il que les bulletins de traitement dématérialisés seront disponibles sur le site de l'ENSAP, ce qui est une excellente chose. Il faudra donc que chaque enseignant crée son compte sur le site pour y avoir accès. Fin de la tâche inconvenante pour les Directrices et Directeurs, merci.

Vous pouvez créer dès aujourd'hui votre compte sur le site de l'ENSAP. Pourquoi? D'abord parce que ce sera fait, et comme vous êtes en vacances ou vous allez l'être c'est peut-être le bon moment. Ensuite parce que pour l'instant, le site vous permet tout de même une simulation de votre retraite, avec les derniers éléments connus, et ce sont les plus récents! Autant dire que la simulation est effective et correspond à la réalité. Moi qui en suis proche - et le premier qui fait une remarque sarcastique et déplacée, je le mords! -, j'ai apprécié ce matin d'avoir le choix entre une simulation dynamique et un tableau clair de ce qui m'attend, depuis la première date à laquelle il m'est possible de foutre la camp soit à 57 ans parce que j'ai fait l'école normale et que j'ai été instit plus de dix-huit ans. Tiens, comme je suis sympa, je vous livre le tableau tel quel, sans rien en cacher parce que je n'ai rien à cacher, et qu'en plus je me fous comme de ma première culotte que vous sachiez de moi où j'e suis administrativement et financièrement parlant: il y en aura toujours qui gagnent plus que moi et d'autres moins, alors...



Évidemment hélas plus je continue malgré l'état déplorable du bonhomme meilleure sera ma pension, avec cette décote épouvantable, mais la question n'est pas là... En fait j'ai rarement vu sur un site qui nous est destiné un truc aussi bien fait! Bref, comme de toute manière il vous faudra créer votre compte tôt ou tard, faites-le donc maintenant ! Si vous avez eu une carrière compliquée, évidemment, tout ça est à vérifier, je ne suis pas sûr que ce qui est hors fonction publique soit pris en compte. Même chose, si vous avez récemment changé d'échelon ou de grade, attendez un peu (de la patience, que diable!). Mais de toute manière, c'est sur ce site que vous aurez accès à vos bulletins de salaire. Et peut-être serait-il intéressant pour vos adjoints de les mettre au courant... Un lien sur ce billet? J'écris ça je n'écris rien (j'ai l'impression d'avoir déjà mis ça plus haut).

De la même manière vous devriez penser à créer votre "compte activité" pour connaître votre capital-formation disponible. Le compte personnel de formation (CPF), alimenté en heures, est utilisable tout au long de sa vie active pour suivre une formation qualifiante (je ne sais pas, moi, le jour par exemple où dégoûté par votre chef de service, IEN ou principal de collège bientôt, vous voudrez mettre les voiles). Le CPF est alimenté automatiquement à la fin de chaque année proportionnellement au temps de travail réalisé au cours de l'année par le salarié dans la limite d'un plafond. Les heures restent acquises même en cas de changement d'employeur ou de perte d'emploi. Pour l'instant il sera donc à zéro. Ben ouais. Vu le niveau de formation que nous propose notre Ministère, je suis intrigué et intéressé par ce truc.

Si vous êtes Directrice ou Directeur d'école, vous touchez une prime - dérisoire, oui je suis bien placé pour le savoir -. D'autres fonctions de l'EN sont concernées. Il serait pour vous opportun de créer également votre compte RAFP pour savoir à quoi vos primes vous donneront droit en plus de votre retraite. Le Régime de Retraite additionnelle de la Fonction publique (RAFP) est un régime obligatoire, par points, institué au bénéfice des fonctionnaires. Ce Régime permet le versement en plus de la pension principale d’une prestation additionnelle de retraite prenant en compte les primes et rémunérations accessoires versées aux fonctionnaires au cours de leur période d’activité. La dirlette et le dirlo sont totalement concernés. J'aimerais mieux que cette prime soit intégralement incluse dans le décompte pour ma pension de retraite, mais mieux vaut peu que rien du tout. Quand est-ce que les Directrices et Directeurs d'école recevront un vrai traitement adapté à la difficulté de leur métier? Quand les poules... tiens, je me rends compte qu'il y a quelques millions d'années elles en avaient.

Allez, bonnes inscriptions diverses et variées. Et veillez bien à vous-mêmes, hein, parfois il y a en a marre de veiller aux autres en s'oubliant.

jeudi 15 février 2018

Il ne faut pas qu'il y ait maldonne...

Beaucoup d'enseignants, échaudés par les récentes déclarations de notre ministre, s'intéressent actuellement de près au GDiD. La crainte de voir les écoles sous la tutelle des collèges parait rassembler au point d'accepter, pourquoi pas, ce fameux statut spécifique des Directrices et Directeurs d'école pour lequel l'association milite depuis près de deux décennies. Après pourtant avoir été vilipendée par tous... ou presque! Les "anciens" me comprendront.

C'est tant mieux, bien sûr. Mais il ne faudrait pas qu'il y ait maldonne. Le statut spécifique, nous l'avons obtenu de facto de haute lutte en décembre 2014, avec la parution du "référentiel-métier" qui distingue clairement le métier de Directeur d'école de celui d'enseignant. Notre problème est que nous n'avons rien obtenu de ce qui devrait l'accompagner: ni la reconnaissance institutionnelle avec un corps spécifique distinct de celui de Directeur d'établissement du secondaire, dont nous ne voulons pas car nous revendiquons absolument que l'accès à la fonction soit réservée aux enseignants du primaire, ni les moyens de notre action en personnel d'accompagnement, en rémunération... Notre situation sur le terrain n'a pas changé, et la plupart d'entre nous continuons à exercer deux métiers en parallèle, ce qui est le comble de l'absurdité.

Ce statut de chef d'établissement du primaire, nous ne l'obtiendrons jamais. Du moins dans les circonstances présentes. Après des années de réflexion, le GDiD a fini par admettre qu'il était impossible de créer un corps spécifique pour 46000 Directrices et Directeurs dont les conditions d'exercice sont si dissemblables. Quel rapport entre mon travail dans ma petite école maternelle favorisée de trois classes et celui de mon collègue de la commune voisine avec une grosse école élémentaire en ZEP? Si le fond est le même, je suis totalement conscient que la forme diffère trop pour que nous puissions réellement être mis sur le même plan. D'autre part, nous sommes si nombreux! Alors qu'il n'existe que 5200 collèges et 2600 lycées... Soyons logiques.

C'est pourquoi le GDiD s'est tourné vers ce que nous considérons comme la seule solution viable pour que les Directrices et Directeurs d'école puissent exercer sereinement leur mission: le regroupement d'écoles en Établissements du Premier Degré. Certains écoles primaires (donc avec maternelle et élémentaire) présentent déjà les caractéristiques essentielles au fonctionnement d'un établissement de ce type, sauf... les avantages que représenterait une équipe d'accompagnement (secrétariat, conseiller d'éducation, surveillants...) ni ceux afférents à ce statut spécifique que nous souhaitons, en particulier le salaire.

Voilà donc aujourd'hui ce que le GDiD réclame: l'établissement du premier degré, qui apportera dans son essence ce qu'il nous faut pour travailler. Pour nous l'école de Jules Ferry fait partie d'un glorieux passé qu'il nous faut dépasser tant les enjeux ont changé dans l'enseignement que nous devons à nos élèves, et que nous voulons leur apporter. Car personne ne doit se tromper, c'est bien pour nos élèves que nous souhaitons pouvoir travailler correctement, pas pour des questions d'ego ou je ne sais quoi d'autre. Je l'écris d'autant plus sereinement que ma retraite est proche et que je ne connaitrai pas personnellement cette évolution. Mais continuer dans les conditions actuelles, ne réclamer comme le font certains sans vergogne simplement qu'un peu de temps et un statut pour les EVS, sont des cache-misère mortifères. Il ne faut pas se tromper de lutte. Et il faut bien que chacun de ceux qui actuellement s'interrogent sur leur métier de Directrice ou Directeur, mais voudraient que surtout rien ne change pour que tout bouge, comprenne les enjeux, et notre projet.

Vous voilà informés.

samedi 10 février 2018

Direction d'école collégiale : le Grand Soir ne viendra pas !

J'ai bien ri ce matin en parcourant internet à la recherche de coquecigrues sur les Directeurs d'école. C'est le propre d'ailleurs de ce genre de recherche, elle amène avec elle soit une indignation lassée soit souvent une franche hilarité devant l'inanité de ce qu'il est possible de trouver.

C'est l'époque des "circulaires" concernant le "mouvement" ou les temps-partiels ou les conditions de mise en "disponibilité" des professeurs des écoles, passage obligé chaque année pour les Directeurs Académiques qui doivent présenter leurs choix aux partenaires syndicaux. Et comme chaque année nous avons dans les circulaires ces mêmes mots, issus du texte officiel, qui précisent pour les Directeurs d'école que l'octroi d'un temps partiel doit généralement leur être refusé pour la simple raison que "les fonctions de directeur d'école comportent l'exercice de responsabilités qui ne peuvent par nature être partagées".

Salutaire rappel s'il en est. Mais ce qui m'a fait rire est qu'évidemment cette phrase est unanimement reprise par les syndicats dans leurs comptes-rendus, alors même que certains d'entre eux persistent, en dépit de toute logique, à prôner les bienfaits d'une "direction collégiale" qui va à l'encontre du plus simple bon sens. Notons que cette vieille lune a pu - je veux être honnête - fonctionner dans certaines écoles Freinet, jusqu'au jour certainement où la réalité, qui a une fâcheuse tendance à ramener avec joyeuseté son nez morveux dès la moindre anicroche, aura pu remettre les idées en place aux courageux expérimentateurs dont par ailleurs je ne doute pas une seconde de la bonne volonté. Mais la nature a horreur du vide, l'absence d'un responsable reconnu comme tel par tous et chacun est une aberration tant légale qu'existentielle. L'ingénuité de certains, si elle m'amuse voire peut m'émouvoir, me fascine. Il faut être un syndicat dans les limbes pour, comme celui qui porte un nom de point cardinal, affirmer dans ses revendications que "La direction collégiale permet (...) le partage des responsabilités dévolues traditionnellement au seul directeur ou à la seule directrice". J'en frémis. Et je plains celle ou celui qui nommé au poste de Directrice ou Directeur d'une telle école devra se prendre dans les dents les effets des conneries de ses adjoints "collégiaux" mais fatalement moins solidaires face à une réalité sauvage et pleine de dents pointues.

C'était mon amusement du samedi matin...


dimanche 4 février 2018

Se construire une nouvelle Histoire...

Les enseignants du primaire le savent bien, chaque année leur apporte une nouvelle classe avec laquelle ils doivent se construire une nouvelle Histoire. Une synergie de classe n'est pas innée, elle suppose une fine et complexe adaptation de la part de l'enseignant comme des élèves, qui portera avec elle de grands espoirs, des réjouissances partagées, des déceptions, des peines... Des fois ça fonctionne d'emblée, parfois il faut plusieurs semaines, quelquefois ça ne fonctionne pas, ou mal.

Au sein d'une école aussi il est parfois nécessaire d'inventer un nouveau roman, porteur de mythologie et de mémoire, lorsqu'un changement intervient au sein de l'équipe: un départ en retraite, une nouvelle affectation, un nouveau Directeur... Parfois l'équilibre préexistant est suffisamment puissant pour que le changement s'opère avec naturel, dans la bienveillance et sans à-coups. D'autres fois non, hélas, les Directrices et Directeurs d'école - prééminents dans le processus - connaissent bien le problème qui immanquablement surviendra au moins une fois dans leur cursus professionnel. Car la Direction d'école est bien une profession, ce n'est pas une mission ni un sacerdoce. Savoir donner un cadre suffisamment large pour que chacun puisse s'y épanouir mais suffisamment contraint pour que la magie opère sans étincelle est une compétence quelquefois mise rudement à l'épreuve.

Un scénario bien ficelé par le Directeur pour "son" école suppose qu'y est incluse l'adhésion de chacun des membres de la communauté, élèves et enseignants, mais aussi celle des familles. Tenir compte du lieu et du milieu est indispensable. En ce sens le rapport récemment rendu public par les députés Aurore Bergé et Béatrice Descamps vise assez juste, même s'il est vécu comme inconfortable par de nombreux enseignants et inapproprié sur certains points, voire naïf. J'estime moi-même depuis fort longtemps qu'une formation très poussée à la communication devrait être donnée à chaque enseignant qui en aurait certainement l'utilité dans son action quotidienne, vis-à-vis de ses élèves comme des parents. Une formation de ce type, plus explicite encore, serait pareillement utile à chaque candidat à une Direction d'école. Je considère même cette dernière indispensable, tant chez beaucoup de Directrices et Directeurs d'école depuis les débuts de ma carrière j'ai pu voir d'erreurs absurdes dues à la désinvolture ou à la maladresse qui auraient pu être évitées, et furent parfois difficiles à réparer... quand cela fut possible.

Il est en revanche d'autres remarques de ce rapport, comme je l'ai écrit plus haut, qui me semblent fort naïves ou incongrues. Le postulat de départ n'est pas faux, qui suppose que "les enseignants sont, plus qu'auparavant, issus des classes les plus favorisées de la population française". Mais il est incomplet. Les "hussards noirs" étaient l'image de la société de leur époque: au début du XXème siècle 42% de la population française était paysanne et vivait de l'agriculture; il n'y en avait plus que 15% en 1968, pour 3% aujourd'hui. Le niveau culturel général et éducatif a suivi le mouvement: il y avait 1% de bacheliers dans la population française en 1900, 20% en 1970... et près de 77% en 2012 !


Rappelons également que si personnellement j'ai pu passer le concours de "l'école normale" en 1979 avec un simple baccalauréat - mon épouse l'avait passé en 3ème! -, il est depuis 2010 nécessaire de posséder un master pour postuler. Qui peut aujourd'hui poursuivre des études supérieures? Certainement pas les couches les moins favorisées de la population française, et comprenons bien qu'au-delà des compétences requises c'est bien l'argent qui désormais départage les éventuels candidats. Ce n'est pas équitable? Je suis bien d'accord. L'égalité de notre devise nationale en a un fâcheux coup dans l'aile.

Si l'idée de fond des députés Bergé et Descamps est de remettre en cause les conditions d'accès à ce métier, j'applaudis. Si leur volonté est de discrètement suggérer de baisser le niveau de diplôme requis et de proposer une formation rémunérée comme j'ai pu la connaître, je jubile. Peut-être alors effectivement connaitrions-nous un renouvellement du vivier moins inégalitaire. D'autant que je ne crois pas vraiment qu'il soit nécessaire d'être titulaire d'un diplôme comme le master pour enseigner: je n'ai jamais pensé les compétences attachées au niveau d'études, et les connaissances éventuellement manquantes peuvent facilement être acquises.

Ce postulat mal explicité amène en revanche des considérations étranges. Je cite le rapport: "Lorsqu'ils sont affectés dans des quartiers difficiles, ils [les enseignants] n'en sont le plus souvent pas originaires, ils n'en connaissent pas les spécificités et vivent de moins en moins là où ils enseignent." C'est en grande partie faux pour la plupart des enseignants que je connais, du primaire comme du secondaire, qu'il s'agisse de communes ou de quartiers dits "difficiles" ou pas. Ensuite ceux qui ne vivent pas près de leur lieu de travail le font le plus souvent pour de simples raisons financières - qui peut se loger pour un prix raisonnable au centre d'une grande ville? -, ou parce qu'ils ont déjà un lieu d'habitation parfois difficile à trouver et ne souhaitent pas en changer. Enfin je rappellerai à nos deux rapporteuses que cette situation a presque trente ans pour ce qui concerne le primaire: avant 1989 et la création du corps des "professeurs des écoles", les instituteurs étaient logés par leur commune de rattachement, la plupart du temps sur leur lieu de travail au sein même de leur école, dans des logements souvent spacieux à défaut d'être toujours confortables. Ce n'est pas la faute des enseignants des grandes villes contraints de dépenser une partie de leur budget dans les transports s'ils n'ont pas les moyens de se loger près de leur école d'exercice, à part peut-être quelques Directrices et Directeurs d'école dans certaines très grandes agglomérations. Qui pourrait payer un loyer de 1000 € ou plus avec un traitement d'enseignant dont on sait qu'il est le plus bas de toute l'OCDE ?

Alors quel est l'objectif d'une telle remarque? Revenir à une situation antérieure? Pourquoi pas. Je pense que nous serions tous heureux d'être logés, ou de percevoir "comme avant" une "indemnité représentative"... Sinon, je ne vois pas vraiment l'intérêt d'écrire cela dans un rapport. Pire, cela pourrait laisser supposer qu'un enseignant serait incapable d'adapter son enseignement à son public, alors que c'est le fond de notre métier: les moyens importent moins que les résultats. Un besoin de formation supplémentaire? Certainement. Mais on ne l'écrit pas comme ça, ou tout du moins on donne une possible solution, sinon le constat est vain.

Vient ensuite dans ce rapport décidément bizarre une fumisterie de "charte parents-profs-élèves"... Voilà bien une pensée magique digne de nos élus: on l'écrit donc ce sera respecté! Depuis que les familles sont entrées dans les écoles les problèmes ne font que s'accumuler, les Directrices et Directeurs d'école en première ligne sont bien placés pour le savoir. Une telle "charte" pourrait-elle mettre fin aux récriminations familiales, aux remises en cause continuelles, aux coups et blessures? Sinistre plaisanterie. L'ouverture de l'école aux parents a été celle de la boîte de Pandore. Le respect inhérent à l'éloignement a laissé la place à une remise en cause permanente des fonctionnements, des enseignements, même dans des lieux "favorisés" comme le mien. Nous n'avons en classe que des petits chérubins géniaux et doux, non il ne peut avoir griffé unetelle sans provocation, elle n'a pas réussi ce travail parce que vous l'avez mal expliqué, je le connais bien c'est mon enfant chéri il est comme son père d'une rare intelligence je la connais bien elle est comme sa mère si calme et si douce...

Nous voulons tous travailler avec les familles. C'est tellement agréable d'avoir chaque matin - je travaille en maternelle - des sourires complices, et de ressentir la confiance des parents qui accompagnent leur enfant, qui vient en courant d'ailleurs. Mais le fil est fragile. Il faut expliquer, quand la confiance est là c'est plus simple. Pour autant ce n'est pas donné, combien de fois ai-je entendu "Mais vous ne les surveillez donc pas?" de parents pourtant gentils et attentifs à leur enfant, pour une... billevesée? Ils ne réalisent pas combien ça fait mal.

Curieusement, comme Directeur d'école je suis moins remis en cause. Le titre suffit, je crois, il reste dans l'imaginaire de chacun quelque chose d'indéfinissable qui y est attaché. Et puis j'ai quand même la prétention de faire bien mon travail. Ce qui ne signifie pas, loin de là, que celles et ceux de mes collègues Directrices et Directeurs qui ont des soucis avec les familles font mal le leur. Encore une fois le fil est ténu, les paramètres sont innombrables. Mais... bon... je profite, pour une fois que je n'ai pas trop de souci pour ce pan de mon activité directoriale. Parce que le reste... Il faudrait déjà que j'aie le temps de le faire. Mais je privilégie l'immédiat, le palpable, ce qui concerne "mon" école, les élèves, la facilitation du boulot des enseignants. Le reste, je suis suffisamment vieux, suffisamment expérimenté et suffisamment intouchable pour opérer le nécessaire rapidement et abandonner le superflu dont l'épaisseur me sidère. Suffisamment expérimenté aussi pour envoyer paître tous les profiteurs qui gravitent autour de l'école, comprenne qui pourra. Directeur? Quel métier! De ce constat à celui de "métier de merde" le fossé n'est pas large et peu profond.

Le reste de ce qui est rapporté de ce rapport est anecdotique et trop comique pour être commenté. C'est de l'aune des chorales d'accueil de M. Blanquer, qui ferait mieux de répondre aux courriers du GDiD plutôt que se répandre inconsidérément dans les médias de notre pays. Certes sa "popularité est immense aujourd'hui dans le public, mais c'est dû à sa présence et certainement pas à ce qu'il a pu raconter, quoique j'aie rarement entendu plus racoleur et stupide. J'avais laissé à notre ministre le bénéfice du doute, avec quelques retenues toutefois. Ce que nous avons pour l'instant, c'est peau de balle. Le néant. Un vide sidéral.

Il est temps pourtant d'inventer pour l'école une nouvelle Histoire. L'opportunité est là, les possibilités immenses. Les enseignants sont prêts, les syndicats aussi, après l'immense déception que fut le quinquennat Hollande dont le titre de gloire des "4 jours et demi" s'efface avec une rapidité digne de la façon dont il nous fut imposé sans concertation.

Et si on commençait par le pilotage des écoles?