jeudi 28 septembre 2017

Un collègue nous écrit...

Un collègue nous a envoyé ce courrier, et nous a autorisés à le publier. J'en ai enlevé un ou deux détails trop personnels, mais sinon je n'y ai rien changé. Et il exprime très bien le ressenti de la plupart d'entre nous, ou de nous tous, quand il évoque notre lassitude, notre fatigue, l'impuissance et la frustration... Mais je lui laisse la parole:

"...
Bonjour le GDID, 

Je renouvelle mon adhésion sans hésitation, et ce depuis que j'occupe la fonction de directeur.

Je suis de ceux qui ont "perdu" leur EVS durant l'été. J'en mesure les conséquences : raide !

Ces dernières années les EVS passées par notre école ont toujours été d'une efficacité exemplaire. La dernière a pu trouver un contrat privé en CDI dès le mois de septembre.

Qui prétend que ces contrats aidés n'aboutissent à rien ? Pour mémoire, leur coût est estimé 3 milliards. Celui du CICE à 24 milliards et sans impact réel sur le taux de chômage...

Je suis également de ceux qui considèrent que leur présence n'est (n'était devrais-je écrire) qu'un pis aller. Ces emplois -qui nous rendaient de grands services- n'existent que parce que notre employeur ne nous donne pas le temps des missions qu'il nous assigne.

Ce temps de décharge qui nous fait défaut est devenu criant, lourd, usant (air connu et maintes fois repris sur votre site). Lors de notre réunion directeurs de début d'année, je m'en suis ouvert à l'IEN. Je lui ai rappelé que notre temps de travail a toujours largement débordé les horaires officiels. Mais qu'avec la disparition programmée des aides à la direction cela devenait critique. Je lui ai notamment demandé ce qui justifiait que mes soirées et mes week-end soient autant accaparés par tout ce que je n'arrivais pas à mener la semaine.

Je lui ai précisé que lors de ces réunions, les directeurs présents autour de la table faisaient "oui" de la tête -nous sommes de bons et sages élèves- mais qu’en coulisse, chacun avouait son impuissance à remplir sa fonction; qu'il s'en dégageait une frustration, une mésestime professionnelle. Que nous sortions de ces réunions toujours dépités, écrasés par la masse de travail qui s’ajoutait invariablement à chaque rentrée. Et aucunement une réunion d'où l'on ressort motivé, enthousiaste, prêt à mobiliser les personnels, les élèves, les partenaires...

Heureusement d'autres collègues ont appuyé mes propos. L'IEN s'est dit conscient de cette charge qui ne fait que croitre, de ce trop plein pour les directeurs mais aussi pour tous les corps qui composent l’EN. A nous de comprendre à demi mots qu'il en est victime également. Je lui ai demandé si la DASEN et ses services avaient idée de ce que leurs inlassables injonctions, enquêtes, mails en tous genres provoquaient dans notre quotidien. Il m’a assuré que oui. J’en doute profondément.

Un exemple ? Une responsable DSDEN Base Elèves m’a appelé cette semaine. Il y avait un conflit entre leurs saisies et les miennes pour certains nouveaux élèves. Dans notre échange, je lui ai glissé que la mise à jour des fiches de renseignements m’a demandé pas loin de 5 heures. « Ah bon, mais votre décharge ne suffit pas pour le faire ? ». Comment lui expliquer que ce temps sert à toute autre chose qu’à être planté devant l’écran ? Que j’ai en charge la sécurité des bâtiments, leur équipement, les commandes, les projets, les AVS, les intervenants, les partenaires, les collègues, les parents, les élèves à besoins particuliers, les finances, l’animation d’une équipe, les mails, les enquêtes, les appels téléphoniques, le courrier (…) en 1 jour 1/3.

Mais passé ce constat ? Quelle suite ? L’IEN n’a rien à proposer…alors cette course sans fin continue.

Nous avons appris à supporter l’insupportable.

Une petite anecdote. J’habite au pied des montagnes qui sont mon terrain de jeu. Il m’arrive de me réjouir d’une mauvaise météo qui me cloue à la maison : je vais pouvoir mettre à jour la classe, l’école… Parce qu’en plus, la direction, ça peut rendre con ! Enfin moi.

Je sais tout ce que le GDID a contribué à faire évoluer pour la fonction. J’en bénéficie (l’accès + rapide à la hors classe; le tiers de décharge ; le référentiel métier, les différents guides administratif…), les discussions en cours avec le nouveau ministère. Mais l’exaspération est bien présente, pressante même.

Je me questionne sur ce qu’il y a lieu de faire pour aller au-delà de la négociation qui dure depuis si longtemps. Comment s’opposer, agir, se défendre pour bousculer cet anachronisme qu’est la direction d’école en 2017. Sur le temps de décharge, sur l’autonomie financière et juridique, sur un statut d’établissement et par ricochet sur celui du directeur… la liste est longue.

J’arrête de vous assommer de mes doléances un dimanche soir. Une tisane « nuit paisible », une Lexomil et au lit.

Bien confraternellement.

XXX
..."

lundi 25 septembre 2017

Quelle gouvernance pour le 1er degré ?

Le GDiD s'est associé au Sgen-CFDT et à la CFDT pour organiser un colloque le mercredi 15 novembre prochain à Paris. Son thème? La gouvernance du 1er degré bien entendu!


Le débat sur de la gouvernance du 1er degré n’est pas nouveau en France, porté en particulier par le GDiD qui depuis quinze ans travaille sur la question. Aujourd'hui il est associé à la notion d’autonomie, qu'on entend mise à toutes les sauces sans qu'hélas jamais aucun contour ne soit même esquissé pour les écoles. Il est temps, plus que temps, de rappeler à quel point la question est désormais cruciale si la réussite de chacun de nos élèves est réellement au cœur du projet de notre société.

De nombreux intervenants animeront la journée de travail et les tables rondes: Corinne Heckmann (OCDE), Olivier Rey (Ifé), Jean-Paul Delahaye, Yves Dutercq, George Pau-Langevin, etc

Le programme...

Le colloque se tiendra le 15 novembre prochain dans la Salle du Conseil National Confédéral de la CFDT, 2 Bd de la Villette à Paris. Dix à quinze place sont disponibles pour les membres du GDiD. Si vous êtes intéressé, contactez directement Alain Rei (cordonnées sur http://gdid.education/index.php/contact/).

A lire aussi sur le site du Sgen-CFDT.

dimanche 17 septembre 2017

Suppression des aides à la Direction...

Au préalable, il faut rappeler toutes les réserves que le GDiD avait posées lorsque qu’on a prétendu solutionner le problème des Directrices et Directeurs d’école par l’adjonction d’emplois aidés. Mais leur suppression brutale, sans aucune compassion ni compensation et avec comme seule explication le souci économique, montre combien la volonté affichée d’aider les directrices et les directeurs n’était que de la poudre de perlimpinpin !

Malheureusement, constater que les EVS ne sont pas la solution, ne donne pas la solution… La situation professionnelle des directrices et directeurs est à ce point malmenée que le discernement devient difficile et envisager le moyen terme trop laborieux. Dès lors, l’octroi d’un EVS représente un espoir de pouvoir survivre à l’asphyxie par paperasse bureaucratique. Pourtant…

• D’abord, l’humain :

La façon dont l’administration, celle qui est censée nous protéger, joue de ces affectations dans les écoles est effrayante et fragilise le peu de confiance qu’on pouvait encore lui accorder. Nous avons tous eu à vivre le déchirement du départ de l’EVS au bout de ses 2 ans non-renouvelables. Les liens professionnels se sont tissés, élèves, parents, enseignants, élus reconnaissaient la « secrétaire de l’école ». L’Agent avait démontré son efficacité et l’importance du poste… Ben, Ciao ! retour à Pôle Emploi et on recommence à zéro avec un autre.

Que dire lorsque cette séparation nous est imposée subitement avec la violence de l’argument budgétaire ? Certainement pas qu’il faut recommencer !

Le GDiD tient ici à remercier tous les EVS pour leur investissement dans nos écoles et nous leur exprimons notre entière solidarité pour qu’enfin soit reconnu et pérennisé le poste d’un Agent Vie Scolaire dans chaque école. Nous exigeons l’interdiction de rupture unilatérale de ces contrats avec la mise en place de préavis et d’accompagnement vers d’autres solutions.

• Ensuite, la formation :

Par la diversité des tâches et par celles de ses contacts, l’école est le lieu de formation par excellence. Bien entendu que l’on peut accueillir des personnes en recherche d’emploi et leur fournir une expérience professionnelle qualifiante ! Mais pour cela il faut être clair sur son statut, celui de l’école et celui de son directeur. Dans le premier degré nous sommes très loin du compte.

Il existe beaucoup de collèges à 100, 200 voire 300 élèves. Quel est le principal qui accepterait que son secrétariat soit tenu par un emploi précaire ?

L’Emploi Aidé se forme, donc il est en surnombre avec un tuteur, son contrat est qualifiant et si le poste est pérenne on doit lui proposer un CDI. On entend beaucoup l’exemple de ce Maire qui ferme le restaurant scolaire faute d’Emploi Aidé… Il oublie juste qu’il est de sa responsabilité d’embaucher le personnel indispensable pour faire fonctionner ses services. Lui aussi est dans l’argument « économique », sauf que si le recours à ce type de contrat allège les finances municipales, cela alourdit nos dépenses sociales, fragilise l’emploi et, bien pire, les personnes.

Pour l’école c’est pareil. Des emplois statutaires sont indispensables à l’accompagnement de la vie scolaire. Quand on prétend donner une priorité au Primaire, cela doit se traduire par des lignes budgétaires supplémentaires. Ben, pas chez nous. Quand nos décideurs s’aperçoivent de leur carence en termes de formation des EVS, ils demandent aux directeurs d’assumer le rôle de tuteur (les EVS ont-ils vocation à devenir directeur ? Sommes-nous qualifiés pour le conseil en secrétariat ?) et de remplir le document validant leurs acquis… tâches attribuées à un chef de service, sans moyen supplémentaire, même pas celui de la reconnaissance pourtant si peu cher.

Peut-on imaginer un collège fonctionner sans encadrement autre que les enseignants ? Sans pions, sans secrétariat, sans factotum.. ? Non, bien sûr ! Alors pourquoi l’accepter dans nos écoles où toutes les scolarités se jouent ? Pourquoi s’entêter à conserver un système vieux de près de deux siècles, obsolète et déficient ? Système où l’on pourvoit des postes avérés par des précaires employés par d’autres, système où l’on rétribue très mal les enseignants (un des plus bas salaires de l’OCDE) ? Un système où le mot « établissement » n’est que synonyme de « bâtisse » sans contenu juridique (l’école est la seule structure accueillant du public à ne pas avoir de statut) ? Un système enfin qui, malgré les textes règlementaires qui précisent le sens des mots, s’obstine à refuser au directeur le statut de … directeur.

• Enfin, les solutions :

Elles existent et avaient commencé à se mettre en place, mais elles n’ont pas résisté au jeu de chaises musicales des ministres…

- Principe 1 : refuser que des emplois constants soient tenus par des personnels précaires.
- Principe 2 : l’appel éventuel à du personnel précaire se déroule dans les conditions humaines et professionnelles acceptables.

1) l’école doit se doter d’un statut d’établissement, statut qui lui permet l’autonomie indispensable à l’efficacité pédagogique. Tout le monde défend l’autonomie pédagogique de l’enseignant, mais une école ne peut-être que la somme de ses autonomies. L’école doit pouvoir construire un projet qui met en adéquation les consignes nationales et les contingences locales. L’école doit avoir les moyens, budgétaires et humains, de faire vivre son projet.

2) le directeur d’école doit être reconnu pour ce qu’il est : le responsable de l’organisation, des biens et des personnes, mais pas que… Le pilote pédagogique et l’interlocuteur des acteurs locaux. Sa relation professionnelle avec ses « adjoints » enseignants doit être précisée, mais, comme il a autorité sur le personnel non-enseignant (décret 89) il doit pouvoir embaucher des agents de vie scolaire et organiser la formation d’adultes (comme cela est prévu pour le personnel enseignant).

Si on continue à traiter par des moyens hypocrites l’écume des choses quand ça déborde (emplois aidés, rythmes scolaires, PDMQDC ou dédoublement…), on ne fera qu’amplifier les carences du système et le mal-être de ceux qui y travaillent. Malheureusement les premières postures des uns et des autres n’appellent pas à l’optimisme. Notre ministre est en train de reconstruire un clivage qui a déjà paralysé toute évolution dans le premier degré (il n’y a qu’à constater le déclassement des enseignants). On voit bien chacun retourner à ses ritournelles avec une facilité coupable alors que c’est par l’audace et la conviction qu’il faudrait nous mobiliser. Seul un projet ambitieux peut rassembler la profession. Ce projet ne peut être copié sur l’école du siècle dernier, ni sur celui d’avant, ni sur la conservation de l’existant avec « un peu plus de... ». Nous devons nous inspirer de ce qui marche ailleurs et nous servir de l’expérimentation pour progresser. Ailleurs les salaires sont plus haut, les écoles ont un statut juridique et leur directeur est reconnu comme tel !

Le GDiD tient toujours son bâton de pèlerin. Nous continuons notre marche vers l’avant en cherchant, par notre conviction, notre connaissance du dossier, le rassemblement le plus large autour de la reconnaissance concrète du métier de directeur d’école. Même si on sait que la période pré-électorale professionnelle qui arrive mettra notre capacité à l’ouverture à rude épreuve, soyez certains qu’avec votre soutien nous ne lâcherons rien.

Le 15/09/2017,

Isabelle LE GLAS ( Finistère), Alain REI (Bouches-du-Rhône) , Samuel AUXERRE (Puy-de-Dôme), Pierre LOMBARD (Alpes Maritimes), Pascal OUDOT (Côte d’or)

PS:
Parce que l’association n’est dotée d’aucune décharge fournie par le ministère, parce qu’elle ne touche aucune subvention, le seul financement permettant de continuer à défendre les Directrices et Directeurs d’école, c’est la cotisation de nos membres. Vous voulez que notre métier soit reconnu ? Vous êtes les seuls qui se sentent concernés. Unissons-nous pour nous aider nous-mêmes ! Adhérez : http://gdid.education/index.php/adhesion/

dimanche 3 septembre 2017

Le GDiD dans la presse...

Après "Le Monde" ou CNews (voir plus bas dans ce blog), Alain Rei est aussi dans le dernier numéro de "Challenges"... notre président fait feu de tous bois en ce moment! Il faut noter que c'est la première fois que le GDiD est autant sollicité par les médias. Ce qui prouve bien que nous devenons difficilement contournables.


Deux choses dans ce numéro 531 du magazine, un article de fond (qui hélas n'apparait pas sur le site du magazine) et un entretien avec le ministre Jean-Michel Blanquer. Ce qui est bien dans l'article de fond de Laurent Fargues, c'est qu'Alain est cité en dernier, et comme c'est le dernier qui cause qui a raison dans notre mémoire défaillante... Et puis, cet article sera certainement attentivement lu par le ministre ou son cabinet, le GDiD devrait donc un peu plus encore être pris en considération, et ce n'est que ce que souhaitons!

Voici donc la fin de l'article, et la citation claire d'Alain Rei:

"(...) "Le mieux serait de laisser le choix aux écoles entre dédoublement et deux maîtres dans la classe", tranche Alain Rei​, président de l'association de directeurs d'école GDiD. "Ce serait d'ailleurs plus cohérent avec le discours du ministre sur l'autonomie des établissements." Depuis sa nomination, Jean-Michel Blanquer ne cesse en effet de louer la liberté et l'initiative des proviseurs et enseignants sur le terrain. Quand il était recteur de Créteil entre 2007 et 2009, il avait d'ailleurs multiplié les expérimentations. L'avenir dira si, devenu ministre, il est capable de lâcher la bride. En toute confiance."

Effectivement, nous verrons. Et peut-être très bientôt si le cabinet du ministre respecte sa parole de nous accorder un nouveau rendez-vous prochainement.