mercredi 13 mars 2019

Faites du boudin...

Bien que malade, je suis aussi un peu en colère. Je ne suis fier ni content de l'un ni de l'autre.

J'entends et je lis en ce moment des choses fort étranges : on ne me dit pas encore que je serais un ennemi de "la cause" - laquelle ? - mais cela ne saurait tarder. J'ai déjà entendu pire à mon sujet depuis quarante ans, j'ai même à une époque été traité "d'ennemi de la démocratie" parce que j'avais le malheur d'avoir une opinion contraire à celle d'une pseudo-majorité illusoire. Je parle évidemment de mon idée de la direction d'école. C'était avant que je rejoigne le GDiD.

L' "école" en général connait de nombreux problèmes. Contrairement aux idées reçues, je pense que le primaire fait son maximum pour faire réussir ses élèves, dans des conditions épouvantables. S'il est un maillon faible ce serait à mon avis le collège, mais surtout la façon totalement obsolète dont la France gère son système éducatif, que ce soit pédagogiquement ou administrativement. Mais justement là, c'est un autre problème que celui qui nous concerne.

Le GDiD est une association qui se consacre au sort des Directeurs d'école. Point barre. Nous savons tous que nous pourrions faire mieux et plus pour nos élèves. Nous n'en avons pas les moyens. Mon "combat" il est là et pas ailleurs, je ne suis pas un responsable syndical national. Oui, on peut parfaitement scinder les "luttes" - que je déteste ces mots guerriers ! -, j'en suis la preuve encore vivante. Je ne sais pas pour combien de temps. Et ce n'est pas mon âge qui m'y fera renoncer.

D'ailleurs je vois les soubresauts syndicaux du moment avec un regard narquois tant rien n'a changé pendant mes quatre décennies de boulot. Les exigences, les mots d'ordre, les préavis de grève, restent les mêmes qu'en 1979 toutes proportions gardées : on mélange tout, vieille technique syndicale, pour ne surtout répondre à aucune question précise. Vous ne croyez tout de même pas que les ennemis du statut des Directeurs d'école vont soudain changer leur fusil d'épaule ? Vous seriez fort naïfs !

J'en entends quelques-uns qui réclament que la création des écoles du socle soit abrogée. Voilà un combat perdu d'avance, LES EPSF VONT EXISTER, que ça vous plaise ou non. Vous voulez bouder ? Vous leur tournerez le dos ? Cela vous regarde, mais ça me rappelle la création des PE, quand les premiers à passer le concours furent les syndicalistes détracteurs les plus virulents. Je vous le dis, je vous l'affirme, je vous le garantis, si vous, Directrice ou Directeur en poste, vous ne sautez pas sur les postes qui seront créés, n'ayez crainte d'autres sauront bien le faire, syndicalistes en fin de mandat ou IEN et CPC à l'avenir incertain. Et ils auront bien raison de profiter de votre naïveté que je me garderai bien de qualifier autrement, parce que je vous respecte, comme je respecte infiniment toute idée et tout point de vue, à condition qu'il soit sensé. Les revendications illusoires, ce n'est pas mon truc, et je l'exprime gentiment.

Alors n'hésitez pas, faites du boudin, comme les enfants de maternelle. Z'est vraiment trop inzuste. Mais ça ne vous mènera pas loin.


J'exprime d'autre part ma conviction profonde que les EPSF sont une chance pour nos élèves. Voilà un système nouveau, que nous ne connaissions pas malgré les rapprochements plus ou moins forcés de l'élémentaire avec le collège depuis plusieurs années. Cette fois, il est question de nommer un "directeur adjoint au chef d'établissement issu du primaire". Vous ne voyez pas la nouveauté de la chose ? Malheureux que vous êtes ! Il est question d'inventer un nouveau système qui peut être profitable à nos élèves, d'expliquer et montrer nos fonctionnements et leur souplesse aux enseignants du collège, de prouver notre force et l'importance de notre conviction de la réussite individuelle des enfants dont nous avons la charge. Ce serait donc si idiot ? Vous avez le droit de le croire, moi je ne vous rejoindrai pas, jamais, sur cette idée.

On me dit que ça va supprimer des classes, pour des raisons de cumul d'effectifs. Je ne vois pas ce que ça aurait de nouveau, entre les communes qui changent les secteurs au gré des besoins ou les RPI qui déjà optimisent au mieux les sites. En revanche, j'ai du mal à imaginer le Conseil départemental - qui sera certainement en charge des transports puisque les classes des EPSF seront sous la tutelle du collège - accepter sans broncher des transports supplémentaires d'élèves qui ne seraient pas justifiés. Voilà bien une question que les syndicats qui braillent à ce sujet se gardent bien d'évoquer...

Les Directeurs d'école vont disparaître... J'ai abordé la question dans mes billets précédents. C'est une idiotie bien digne de ceux qui la propagent. Quelques directions d'école vont être supprimées, mais il y aura toujours besoin d'un interlocuteur sur place. Et c'est bien là en revanche l'une des questions que le GDiD amène au front des revendications légitimes. Qui seront les indispensables "référents" sur chaque site ? Quel sera leur titre ? Quelles seront leurs missions ? Comment seront-elles reconnues ? Et puis qu'en sera-t-il des nombreux Directeurs et Directrices d'école qui subsisteront ? Notre travail il est là, pas dans des idées farfelues, des représentations surannées de notre métier, ni surtout l'abandon de l'importance de notre rôle ni des moyens indispensables à son exercice. Nous savons ce que nous sommes, nous savons ce que nous représentons, nous savons notre importance. A nous de persister à l'exprimer et à l'expliquer. La gouvernance de l'école n'est pas un vain mot, c'est une réalité concrète qu'il nous faut défendre, et un seul et unique objectif: celui de la réussite de chacun de nos élèves.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis bien d'accord, les EPSF sont sans doute l'avenir de l'école. Apporter l'expertise pédagogique propre au premier degré vers le collège me semble une bonne solution, et en retour les professeurs du second degré se feront un plaisir de nous faire profiter de leurs compétences disciplinaires qui sont tout aussi importantes. C'est exactement la dynamique mise en place au sein du REP+ dans lequel j'exerce.
Alors oui les EPSF sont une bonne alternative. Et oui un poste de directeur adjoint au chef d'établissement m'intéresserait. Mais que deviendrai-je si je ne suis pas l'heureux élu ? Un simple "référent" dans mon école alors que j'ai été le pilote pendant des années et que je me suis épanoui ? Reprendre une classe alors que je bénéficie d'une décharge complète depuis si longtemps ?

Rien n'est vraiment clair sur notre avenir à toutes et tous. Comprenez mon inquiétude...