Le GDiD sera reçu au Ministère jeudi 9 mai.
Cela faisait deux ans que nous réclamions un retour de notre précédent entretien. Nous en avions eu la promesse. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, je sais. Cela ne signifie pas que nous ne devrions pas y croire, c'est l'espoir d'être entendus qui nous fait nous accrocher.
Le GDiD existe parce que nous estimons nécessaire la reconnaissance de l'importance de notre métier par l'obtention d'un statut spécifique qui nous donnerait les moyens légaux et techniques de notre action. Notre objectif a toujours été et restera toujours le même : la réussite de nos élèves. Ce n'est pas difficile à comprendre, les systèmes éducatifs du monde entier - sauf le nôtre - donnent à ceux qui gouvernent les écoles la latitude de choisir ce qui conviendra le mieux au public auxquelles elles ont affaire. Qu'on les appelle Directeurs ou autrement, ils ont les moyens techniques, financiers et légaux de faire les choix appropriés. Ils ont aussi la latitude de le faire, la France est une exception en obligeant ses Directrices et Directeurs d'école à exercer une charge de classe en plus de leur leadership. C'est absurde et suicidaire. La fatigue et l'incapacité d'agir tuent la Direction d'école.
Nous avons des projets, que nous partageons totalement ou en partie avec nos amis syndicaux. Mais pour autant nous ne voulons laisser personne sur le flanc. Je suis le premier concerné dans ma toute petite école maternelle semi-rurale. Le GDiD a été créé pour que tous les Directeurs d'école soient reconnus. Cela devrait-il signifier que je ne puisse pas comprendre les difficultés budgétaires de notre Etat ? Elles sont le fruit de cinquante ans de gabegie. Je peux donc les admettre, mais cela ne signifie pas que je doive les supporter. Surtout que je connais fort bien l'importance économique pour une nation de son investissement éducatif (merci de bien vouloir comprendre que fils de professeur d'économie politique - repose en paix, papa - je puisse avoir un vague fond de connaissance sur ce point). D'autres choix ont été faits en cinq décennies, je le déplore.
Le GDiD se dévoue depuis vingt ans. Vingt ans de discussions, de lobbying - faible, nous restons une association et nous n'en avons pas vraiment les moyens -, vingt ans de dévouement pour certains d'entre nous. Nous avons connus deux temps d'écoute : en 2006 avec Gilles de Robien et en 2014 avec Najat Vallaud-Belkacem. Deux temps, deux visions, mais aussi deux volontés. Sachons les reconnaître, et admettre que notre métier ne relève pas d'une petite vision politicardo-syndicalo-franchouillarde, elle outrepasse les frontières et ne relève vraiment que de la politique au sens noble du terme, soit la bonne gestion de "la cité". Notre métier ne peut pas rester l'otage de vaseux et nauséeux méandres, car la navigation que nous exerçons est tout de même la première condition du travail et du succès individuel des enfants dont nous avons la charge six heures par jour.
Je peux exprimer aussi que nos compétences et nos actes prouvent quotidiennement que nous sommes bien des "cadres A" de la fonction publique d'Etat. Nous sommes le socle de l'enseignement primaire français, des tours solides sur un vaste échiquier, que pourtant nos gouvernants ne considèrent que comme des pions corvéables et mutables à merci. Nous sommes tous las et épuisés de cette situation, j'observe autour de moi les plus investis qui craquent et lâchent, j'en suis là moi-même aujourd'hui. Et puis, disons-le, être rémunérés et considérés comme nous le sommes pour ce que nous faisons, c'est... minable, je cherchais le mot et je l'ai trouvé, c'est minable, surtout pour un pays qui se prétend une grande démocratie égalitaire et qui veut donner des leçons à tout le monde. Nous ferions mieux d'en recevoir. Mais pour ça il faut être capable d'écouter.
C'est cette écoute que nous espérons encore, et toujours. C'est bien pourquoi nous serons le 2 mai encore une fois prêts à expliquer, à tenter de faire comprendre la situation - abondamment documentée aujourd'hui -, les besoins de notre système éducatif - tout autant connus -, nos projets et nos espoirs, si tant est que la compréhension que nous espérons sache voir au-delà des questions budgétaires ponctuelles ou des atermoiements politiques. Ne gérer la France qu'avec des courts-termes merdiques comme depuis cinquante ans, et ne faire que des choix populistes, ne fera que l'enfoncer un peu plus dans l'inéquité, l'inefficacité, et le désespoir. Nous n'en sommes plus au déclin, mais à la chute. Pourquoi ne pas tresser quelques cordes salvatrices ?
C'est le temps du muguet. Il y en a beaucoup dans les nombreuses forêts bourguignonnes autour de chez moi, le temps y fut propice. Peut-être le GDiD en apportera-t-il un brin symbolique à cet entretien. Mais le muguet, c'est aussi une maladie, une infection désagréable et longue à éradiquer. Souvent les symboles ont deux aspects. Alors le printemps, le beau temps, la bonne humeur, ne peuvent pas nous faire oublier ce qui pour nous est aujourd'hui une nécessité absolue et primordiale. Soyez toutes et tous sûrs que les membres du bureau du GDiD qui seront présents le 9 mai au ministère ne l'oublieront pas.
5 commentaires:
Bravo aux membres du gdid que je suis depuis près de 15 ans (pseudo chtimi) (mais que des épreuves personnelles ont limite au rôle de simple sympathisant) pour votre tenacité. Bravo Pascal pour tes billets si touchants.
J ai lu un article sur le sénat qui envisage de modifier la loi Blanquer en proposant un statut hiérarchique . Il ne me choque pas, j ai déjà dit aux collègues qu il était quand même plus logique et serein de se faire évaluer par celui qui vous connait le mieux. Qu en pensez vous ?
Bises à toutes et tous.
Merci de votre action.
Bravo aux membres du gdid pour leur ténacité et leur volonté farouche (moi qui vous suit depuis 15 ans pseudo chtimi mais que des problèmes perso ont tenu eloigne du militantisme . Bravo Pascal pour tes billets plein de tendresse et d humanisme. Enfin une rencontre au ministere ! J ai lu un article du Monde indiquant que le sénat comptait proposer un statut hiérarchique . Ça ne me choque pas je préfère toujours être évalué par quelqu'un que je côtoie et qui me connait. Qu en dites vous.
A bientôt j espère.
Bonjour tout le monde !
Les résultats du concours PerDir 2019 ont été dévoilés il y a quelques jours. Et comme chaque année plusieurs collègues directeurs et directrices d'école de ma connaissance en sont lauréats. Félicitations à eux, leur projet d'évolution de carrière va se concrétiser.
Mais cette fuite (ou ces tentatives de fuite, tout le monde ne réussit pas le concours) vers le second degré est bien la preuve que le métier de directeur d'école n'est plus, au bout d'un moment, source de satisfaction pour celles et ceux qui s'investissent plus que largement dans leur mission. La grande majorité des collègues qui décident de migrer vers la fonction de personnel de direction ne le font pas parce que leur métier de directeur leur déplait, bien au contraire, ce sont des passionnés. Mais c'est pour eux la seule alternative pour obtenir un statut, une reconnaissance, une possibilité d'évolution.
J'ai pour ces mêmes raisons très envie de passer ce concours. Mais en même temps c'est au premier degré que je voudrais continuer d'apporter toutes les compétences de pilotage que j'ai acquises ces dernières années. Mais dans quelles conditions…
Si l'objectif de beaucoup de directrices et directeurs est de devenir un jour PerDir, alors l'école primaire n'évoluera jamais. Nous resterons dans ce complexe d'infériorité que beaucoup ressentent. La seule solution pour éviter de perdre les plus motivés, et il y en a beaucoup, est de faire évoluer positivement notre métier en lui accordant un vrai statut. A la hauteur de la mission qui nous est confiée.
J arrive à un an de la retraite et je commence à avoir un petit espoir que le métier de directeur soit enfin reconnu ! Pascal Duchenois de Paris
"Mme Bourhis réclame des données et documents précis afin de préparer l’agenda social pour les Directeurs d’école, et demande ce qui est mis en place en place pour l’aide aux Directeurs"
Franchement de qui se moque t on au ministere? Qui est la légitimité de cette mme Bourhis qui ne semble pas avoir préparé une rencontre portant programmée par ses services?
Combien de rapports leur faudra t il encore ? Combien de commissions?
Et moi qui croyais que les choses allaient enfin évoluer....
Quelle déception !
Autre sujet : j'ai appris par un fonctionnaire de la mairie ( !!) que mon école ( REP+) allait être rattachée a un nouveau dispositif "cité éducative" dès la rentrée ;
Je ne suis au courant de rien, normal :je ne suis qu'un modeste directeur d'école....
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