mercredi 13 novembre 2019

Un questionnaire qui fait pssschiiit !

Je viens de lire sur le site du ministère de l'éducation nationale le communiqué de presse du ce mercredi 13 décembre. Vous pouvez cliquer ici pour le lire mais je peux vous en épargner en grande partie la teneur... parce que bon... enfin... bref...

Le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a lancé un ensemble de travaux et de réflexions destinés à répondre aux enjeux et difficultés que peuvent rencontrer les directeurs d’école dans l’exercice de leur métier.

D'accord. Le GDiD sera-t-l consulté ? En loucedé peut-être, certains syndicats ayant une haine profonde de nous (je n'invente rien, trouvé sur un forum : "les personnages dans ton genre m'agacent au plus haut point et je vais même aller plus loin, je les exècre"). Heureusement nous avons des syndicats partenaires qui soutiennent notre demande de statut fonctionnel.

Lors de la réunion du comité technique ministériel de l’Éducation nationale, mercredi 13 novembre, le ministre a annoncé une série de premières mesures en attendant des mesures plus importantes et plus structurelles qui seront prises après concertation. Le 13 novembre, un questionnaire a été adressé à tous les directeurs d’école. Ce questionnaire vise à établir un état des lieux sur les conditions d’exercice du métier des directeurs d’écoles, leurs difficultés et leurs besoins. Ce questionnaire a été concerté avec les organisations syndicales. Il sera clos le 1er décembre prochain. La restitution des conclusions de ce questionnaire fera l’objet d’une concertation avec les partenaires sociaux, prévue le 17 décembre.

Parlons-en de ce questionnaire. Certains Directeurs l'ont reçu sur leur adresse professionnelle, d'autres sur leur boîte d'école, d'autres pas du tout - dont moi -. En revanche le lien de l'enquête se promène à tous les vents, ouvert à tous, Directeur ou non. Tenez, voilà l'adresse, mais vous la trouverez partout : https://www.consultationdirectiondecole.fr/ Nous avons fait l'essai : certains l'ont rempli deux fois voire plus, certains l'ont fait remplir à leur conjoint ou à un ami, nous avons même fait un essai depuis l'étranger... Essayez, c'est rigolo, mettez-y un copain ou votre grand-mère. Trois citations :

  • mon mari a repondu (consultant chez [grosse boîte de luxe]) et ma fille (étudiante en communication). A la fin dans les questions que l'on n'a pas posé il a écrit : "qui êtes - vous ? Je suis le mari de la directrice et j'en ai marre qu'elle passe ses WE et vacances à bosser".
  • Je l'ai fait 4 fois de mon smartphone dans le train tout à l'heure... Foutage de gueule.
  • Même pas reçu moi !

Mieux encore, certains syndicats demandent à ce que ce questionnaire soit rempli "en équipe"... Non, non, je n'invente rien, cliquez sur l'image pour l'agrandir...



Il est clair que ce questionnaire ne reflétera pas l'opinion des Directrices et Directeurs en poste. C'est pourquoi je réclame l'abandon de l'anonymat et l'identification par clef OTP pour y accéder. L'anonymat, on s'en fout, nous sommes fiers de nos opinions et nous n'avons rien à cacher. Et au moins, quels qu'en soient les résultats, il sera vraiment le reflet de ce que pensent les Directeurs d'école.

Afin d’alléger immédiatement certaines tâches des directeurs, un moratoire a été décidé, jusqu’à la fin de l’année civile, sur toutes les enquêtes pour lesquelles ils auraient pu être sollicités.

C'est gentil, ça. Généralement les enquêtes ont lieu en septembre-octobre. Alors... euh... comment l'exprimer...

Pour faciliter la fin de l’année, une journée supplémentaire de décharge a été allouée, pour tous les directeurs d’école, sur la période novembre - décembre 2019.

C'est gentil aussi. Mais de nombreux collègues, déchargés comme moi une fois par mois, me font savoir qu'il n'ont déjà pas eu les "décharges" auxquelles ils avaient droit. Cela risque donc d'être compliqué. A force de supprimer des postes de remplacement ou de piocher dedans pour répondre aux dédoublements... On va bien rigoler, et pourquoi je suis dubitatif ?

Des groupes départementaux de consultation et de suivi seront mis en place avant la fin de l’année civile. Ces groupes seront réunis régulièrement pour permettre d’identifier des pistes d’allègement de tâches administratives et s’assurer du suivi des mesures d’amélioration des conditions de travail et des missions des directeurs. Ils seront pilotés par les DASEN, auxquels seront associés les représentants des organisations syndicales et des représentants institutionnels. Des élus locaux seront associés à ces travaux en fonction des thèmes abordés.

Pilotés par des DASEN, avec des élus locaux et des représentants syndicaux, on appelle ça des comités Théodule. Déjà que n'existent pas dans tous les départements les aides à la Direction d'école qui devraient normalement être la norme... Bref. On va bien rigoler, encore une fois. Mais que de temps et d'énergie perdus !

Des réunions de directeurs d’écoles volontaires seront organisées, dans toutes les circonscriptions, par les inspecteurs de l’Éducation nationale, entre novembre et février. L’objectif de ces rencontres est de susciter l’expression des directeurs sur les thématiques identifiées : équipe pédagogique, relations avec les parents d’élèves, relations de travail avec la commune ou l’EPCI, relations de travail avec la hiérarchie, etc.

Beaucoup d'IEN ont déjà prévu les premières réunions. Ce qui en sortira me parait douteux, parce qu'extraire des données générales de problèmes particuliers est extrêmement compliqué. Mais si la parole peut s'épancher, si les Directrices et Directeurs peuvent exprimer leurs sentiments de solitude et d'abandon auprès de leurs pairs, alors oui c'est bon à prendre. Mais sur quel temps ? Parce que la question du temps est pour nous une question majeure.

À la suite des conclusions de la consultation des directeurs d’école et de la réunion avec les partenaires sociaux du 17 décembre prochain, le ministre pourrait annoncer une série de mesures complémentaires en matière de simplifications administratives et d’allègements pour les directeurs d’école.

Wait and see.




7 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle déception ! Quelle vaste foutaise ! Mais qui a élaboré ce questionnaire complètement à côté de la plaque ? Les questions posées ne ciblent en aucun cas les difficultés rencontrées. Les thèmes ne tiennent pas du tout compte des spécificités des écoles. Je suis entièrement déchargé de classe et je ne sais pas quoi répondre à la moitié des questions. Le temps de travail hebdomadaire consacré à la direction, par exemple: est-ce le temps en plus des 24h règlementaires ou faut-il l'inclure ? Dans ce cas, s'arrêter à "plus de 30 heures" est ridicule ! Je propose de rajouter la réponse "plus de 50 heures" pour que les résultats soient conformes à la réalité.
Et pourquoi ne nous demande-t-on pas clairement si nous voulons un statut ? Ah oui, le ministère craint les syndicats qui eux craignent nos réponses… D'où l'idée du siècle en demandant de remplir le questionnaire collectivement. Je suis dépité...
Je propose en retour que les prochains textes qui régissent les conditions de décharge des délégués syndicaux soient élaborés en tenant compte de l'avis de tous les collègues et des directeurs. Peut-être cela permettra-il d'éviter d'offrir du temps à quelques tire-au-cul qui ont réussi à s'échapper de leur classe le plus souvent possible et qui se vantent en plus de faire leurs préparations ou de corriger leurs cahiers pendant leur moment de permanence. Je n'invente rien. C'est dire l'importance de leur mission...

Anonyme a dit…

Bonjour,
J'ai lu le commentaire précédent et je comprends ta grogne. Ta réflexion sur les délégués syndicaux aussi. J'en suis une.... Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier... Moi, je pense que les directeurs ont besoin d'un statut et je ne corrige pas mes cahiers pdt mes permanences syndicales... Je suis bien trop occupée même si peut-être tu en doutes... Nous ne sommes pas tous des tire-au-cul mais je comprends ta colère. Dans mon département, nous ne sommes pas majoritaire et nous faisons fasse à une vague rouge : colérique, révoltée, fainéante dans leur job et qui en plus à peur de perdre sa place "d'intermédiaire" si l'on donne directement la parole aux directeurs... Bichette... Pour nous, l'un peut aller avec l'autre.... Courage à toi ainsi qu'à tous les directeurs

Anonyme a dit…

Je suis directrice et déléguée syndicale. En plus de tout cela, je suis aussi enseignante.
Reprenons donc tous les clichés :
- lors de mon jour de décharge syndicale, je prépare ma classe et corrige les cahiers,
- lors de mon jour de décharge de direction, j'ai le temps donc je peux faire tout ce que me demandent les collègues, ce qui ne me gêne pas puisque je n'ai pas la classe,
- lors de mes 2 jours de classe, j'arrive à 8h29, repars à 16h31, je ne corrige rien( vu que c'est fait sur mon temps de décharge syndicale), je suis toujours en grève et j'ai trop de vacances.

Sinon dans la vraie vie, depuis hier, j'ai fait des pieds et des mains pour arriver, à ma petite échelle départementale, à faire remonter le problème du questionnaire ouvert à tous aux personnes compétentes à la section nationale qui étaient en CTMEN, ce qui ne fût pas chose aisée, quoi qu'on puisse en penser.
En fin d'après-midi, après ma réunion de directeurs, je suis allée à l'école pendant près de 3h pour faire le boulot que je ne pouvais pas faire aujourd'hui (journée de décharge de direction) étant donné que j'ai "préféré" aller 5h en CAPD puis faire un compte-rendu de ladite commission. Là, je viens de finir de préparer ma classe et vous me croirez ou pas, de corriger les évaluations des élèves. Bah oui, mardi, au syndicat, je n'ai pas eu le temps, je préparais la CAPD de jeudi et la RIS du mercredi matin.

Le plus "marrant" dans tout cela, c'est que je disais justement tout à l'heure à mes camarades syndicaux, que beaucoup de collègues nous critiquaient et disaient qu'on en fichait pas une. Alors, Anonyme du 13 novembre, tu as sans doute croisé des syndicalistes fainéants mais c'est comme pour tout, ils sont à la marge car je t'assure que mes 6h de décharge hebdomadaire ne suffisent généralement pas à traiter ce qui doit l'être et que beaucoup de travail se fait en dehors de cette journée libérée.

Anonyme a dit…

Réponse de l'anonyme du 13 novembre:
Cher(e)s collègues, enfin une réaction. Sachez pour commencer que je n'ai rien contre personne, il s'agit simplement d'une opposition de point de vue que j'ai illustrée de façon un peu… virulente. Pardonnez-moi si je vous ai blessés.
Mais, car je voudrais quand même aller au bout de ma démarche, ces clichés que j'ai utilisés valent bien celui qui nous est renvoyé par la plupart des syndicats à nous les directeurs qui désirons un statut: celui du petit chef avide de pouvoir qui attend impatiemment de devenir un dictateur féroce et invivable. Pas très agréables ces raccourcis, n'est-ce pas ?
Et la dernière partie de mon billet avait pour objectif de faire comprendre qu'il est insupportable au bout d'un moment de subir les certitudes de quelques auto-décideurs idéologiques sans pouvoir réagir: depuis un an, j'ai lu des dizaines d'articles intitulés "Que veulent les directeurs ?". Et les réponses sont bien loin de rejoindre mon avis et celui de la grande majorité des nombreux directeurs que je connais. On ne nous a jamais rien demandé, alors d'où viennent ces conclusions subjectives ?
D'où ma requête: arrêtez de penser pour nous, on est assez grands et responsables pour y arriver tout seul et nous exprimer si on nous le demande.
Beaucoup de syndicats affirment à juste titre que la hiérarchie infantilise les enseignants. Mais ils font pareil.

Unknown a dit…

Bonjour
Je trouve cet échange intéressant car il permet de relativiser les positionner de chacun et de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Pour ma part et même si je salue le travail et la investissement, je trouve que dans notre cas les syndicats ont été contre productifs. Je le regrette d autant plus que le "syndicat majoritaire" est lui très anti-directeur et trop influent...a ce propos, personne n aurait envie de protester (pétition, coup de gueule) contre un syndicat qui nous renie et qui demande à ce que les adjoints décident de notre avenir et de nos conditions de travail?

Anonyme a dit…

Commentaire de l'anonyme du 13 novembre (j'aime bien ce pseudo, même si la date n'est pas la plus sympa de ces dernières années):
Oui cet échange me paraît également intéressant. J'admire bien évidemment toute forme d'investissement professionnel, qu'on soit syndicaliste, directeur ou les deux ! Dans tous les cas il s'agit de personnes motivées qui veulent que notre profession évolue. Par contre je peux légitimement ressentir de la frustration quand on me considère comme un enseignant parmi d'autres alors que mes journées ne ressemblent pas vraiment à celles de mes collègues adjoints (que j'adore au passage…).

Anonyme a dit…

"Pour faciliter la fin de l’année, une journée supplémentaire de décharge a été allouée, pour tous les directeurs d’école, sur la période novembre - décembre 2019."

Sauf que dans la réalité ça ne se fait pas, faute de remplaçants !

signé : le mari d'une Directrice D'Ecole qui n'a pas le temps d'aller sur ce blog