dimanche 2 juin 2019

Ben ça va pas mieux...

Ben ça va pas mieux... pour dire que ça va franchement moins bien. Plus ça va de moins en moins bien d'ailleurs, je n'écrirai pas que pire on peut pas parce que pire on peut toujours.

Je ne suis pas très clair ? J'ai du côté de ma mère des origines normandes dont le fatalisme m'a toujours épaté. Mais n'avez-vous pas l'impression que vos conditions de travail empirent ? Rassurez-vous, ce n'est pas qu'une impression. 

Aller de Charybde en Scylla c'est sautiller d'un pied sur l'autre sans bouger d'un poil. Ce n'est pas ce que fait l'école aujourd'hui tant nous autres enseignants et Directeurs d'école nous enfonçons dans une gadoue nauséabonde. Nous avons le nez à raz, là. Et ce n'est pas parce que j'adore cette dernière phrase que ça me fait particulièrement rire.

Nous avons le nez à raz, là... Il faudra que je la ressorte.

La "Loi pour l'école de la confiance" nous avait titillé l'occiput par sa vacuité sidérale. Et puis comme je l'ai souvent écrit les mots ont leur importance, utiliser le mot "confiance" me rappelle fâcheusement les républiques démocratiques et populaires : quand on a besoin de mettre un concept en exergue c'est qu'on est par essence dans la volonté de ne SURTOUT PAS le mettre en pratique. Il était donc évident que les termes "Blanquer" et "confiance" ne rimaient pas, n'avaient aucune similitude ni même aucune allitération.

Le GDiD est une association légaliste, nous ne sommes pas un syndicat et par essence nous devons et voulons faire confiance à un nouveau ministre avec lequel nous souhaitons travailler pour arriver un jour à ce que les Directrices et Directeurs d'école de France obtiennent in fine le statut qui leur permettrait de travailler correctement et avec un peu de sérénité. Alors nous souhaitons benoîtement et honnêtement la bienvenue à chaque nouvel impétrant à chaque changement de gouvernement, nous demandons à être reçus pour expliquer notre point de vue, et.... combien de fois l'avons-nous fait ?

Le statut que réclame le GDiD c'est comme le rocher de Sisyphe : nous le poussons jusqu'au sommet, avec courage et sans espoir de récompense, et alors que nous sommes presque arrivés au sommet il redescend sans bruit mais à une vitesse folle. Nous ne nous décourageons pas, nous redescendons, et nous le poussons de nouveau.


Il faut avouer qu'à certains moments quand même nous en avons marre. Surtout quand nous avons l'impression que ceux qui nous reçoivent cachent leur indifférence derrière une bienveillance de façade. Nous ne remettrons même pas en cause leur honnêteté, je suis sûr que nous avons convaincu beaucoup de sous-fifres. Sauf que justement ce sont des sous-fifres, et que les ministres en exercice sont généralement tellement assurés de leurs compétences et de leur génie que le reste les indiffère. C'est clairement le cas de notre présent ministre. Quant à son texte de loi, je n'en attends plus rien pour les Directeurs d'école, entre la Commission Mixte Paritaire et le retour à la Chambre. Un pet, ça pue, et ça passe.

Oh je n'aurai pas la prétention d'écrire que nous sommes les seuls concernés ! Il suffit de lire les consignes de rentrée sur le BO pour comprendre que notre ministre est tellement convaincu de son génie qu'il lui parait nécessaire de nous expliquer comment nous devons travailler. Avec mes 40 années de carrière en maternelle je rirais si j'en avais l'énergie. Comme d'habitude ces consignes resteront ignorées du terrain, évidemment, sauf par quelques IEN débutants ou aux dents longues à qui il faudrait expliquer que remettre le même couvert tous les dix ans en sachant pertinemment que c'est de la merde, ben c'est lassant. Et que - franchement - nous n'en avons rien à cirer tant nous sommes déconsidérés, ignorés, maltraités. Il y a des limites à tout, même à ce que nous pouvons supporter. Un groupe Facebook a vu le jour récemment qui met cela en exergue : quand les enseignants mettent fin à leur jour parce que l'institution les méprise, ça ne peut finit qu'en eau de boudin. Plus jamais ça...

Allez hop, je vais finir mon dimanche tranquille, j'ai un plat qui mitonne et qui ne va pas tarder à avoir besoin de moi. Au moins je prendrai du plaisir à le manger, le reste qui vient de là-haut est par trop indigeste.

Pascal

PS : comme la moitié d'entre vous ignore le groupe Facebook du GDiD sur lequel il se passe plein de choses dans votre dos je vous le rappelle en toute amitié POUF POUF.

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