Je n’arrive plus à entendre sereinement les mêmes pseudo-arguments avancés par ceux qui rejettent un statut pour les Directrices et Directeurs. De ceux qui disent s’opposer à la caporalisation de l’école, alors qu’ils la maintiennent de fait sous le joug des circos, en passant par ceux qui, avec une certaine morgue, prétendent que ce n’est pas de cela dont on a « besoin » parce que « leur équipe » fonctionne super bien (2% d’autonomie, tu parles !) et jusqu’à ceux qui, à court, nous prédisent l’apocalypse si...
20 ans qu’ils rabâchent qu’avec « plus de… » on règle la chose, 20 ans qu’on donne « plus de… », 20 ans que ça ne suffit pas et 20 ans que notre situation professionnelle se dégrade. Pourtant, tous les rapports et enquêtes qui s’entassent depuis 20 ans vont dans le sens d’une reconnaissance statutaire.C’est une évidence que de commencer par cadrer ce que l’on est pour savoir de quoi on a besoin.
Mais qu’importe, ayant fait de la conservation leur religion, ceux-là ignorent les évolutions sociétales, le déclassement professionnel et la souffrance au travail. Leur credo, « tous pareils et tout ira mieux », ne sert qu’à conforter des bastions électoraux quitte pour cela à cacher sous le tapis le mal-être d’une poignée de « tous-pareils ». Nous ne sommes pas nombreux, on peut nous sacrifier, effacer notre nom au profit de « la direction ». Des Directrices et Directeurs tentent de se faire entendre ? Ils seront stigmatisés comme des petits quelque-choses, des apprentis autres choses… 20 ans que cela dure !
Je comprends qu’à une époque où l’Instit était estimé, que le Directeur tenait une place identifié dans le tissu social et le 1er degré, une époque sans téléphone… portable, sans internet, une époque sans PPMS, où les notes de services étaient tapées à la machine sur des « pelures »…, je comprends qu’alors le « statut » n’était pas nécessaire tant le « contrat » social entre l’école et la société était clair et cohérent. De plus, en ce temps-là, point de travail d’équipe, le curseur était placé sur la classe.
Mais voilà, la société évolue, de plus en plus vite, on parle même de mutation, tandis que l’école, chargée d’en former les citoyens, reste bloquée sur un fonctionnement qui a plus d’un siècle !
Hier, je lisais les chiffres de la redistribution en France. De la santé, de la défense, de la protection sociale… seule l’Éducation n’avait pas l’efficacité attendue rapportée à sa part du PIB. Budgétairement, nous sommes au-dessus de la moyenne de l’OCDE alors que nous sommes dans les derniers quand on compare les résultats scolaires. C’est factuel. Pour améliorer le système le seul levier budgétaire ne suffit pas. J’ai même le sentiment qu’il favorise la bureaucratie au détriment du terrain.
L’élément central du bocage en ce qui nous concerne c’est la question du « supérieur hiérarchique ». Comme cette question n’est abordée que de façon idéologique elle ne produit que du clivage. Il faut avoir une drôle de conception des choses organisées pour penser que le rêve d’un directeur d’école soit de devenir un dictateur d’école…
Revendiquer un statut c’est vouloir ajuster la protection au métier exercé en perte de sens. Le statut définit le cadre dans lequel le professionnel agit et la fonction d’un cadre c’est de borner, de limiter… de protéger. Qui peut prétendre aujourd’hui que les directrices et directeurs d’école ont un cadre suffisant leur permettant d’assumer les missions que l’Institution leur confie ?
Il suffit de comparer le référentiel métier (les missions confiées) à notre quotidien pour constater qu’en l’absence de cadre (statut) l’administration (et non pas l’Institution) nous détourne de nos missions en les faisant remonter vers le haut (IEN). La directrice ou le directeur d’école n’est pas un secrétaire de la circonscription, ni le messager du DASEN. Notre boulot ne consiste pas à passer notre temps à faire de la saisie, remplir des tableaux à cases, distribuer du courrier papier ou mails…
Notre boulot c’est diriger une école, piloter une équipe!
La question centrale c’est de savoir si pour remplir ses missions, l’école doit se rapprocher de son public ou s’en éloigner ? Faut-il, (re)conquérir de l’autonomie afin d’adapter et pouvoir répondre localement ou faut-il se reculer et n’être que des exécutants (ce qui est une forme de protection)?
De la réponse donnée on pourra s’interroger sur la pertinence hiérarchique. La notion de supérieur hiérarchique est une conséquence pas un objectif.
• Soit on choisit le rattachement au collège ou à la circo. voire à la Mairie – dans ce cas, objectivement, il faut retirer le texte de 89, transférer les responsabilités au niveau supérieur et garder dans les écoles satellites des référents, des relais, charger de « faire passer » du haut vers le bas. Pour ceux-la on peut revendiquer des moyens : une décharge pour les innombrables saisies …
• Soit on choisit de conforter le local, ce qui est encore l’ADN du 1er degré – dans ce cas le statut du directeur confirmera le décret de 89 en lui attribuant clairement l’autorité que confère la présidence des conseils, la responsabilité de l’organisation des services, de la sécurité… Toutes ces « actions propres » seront clairement nos prérogatives, le cadre de notre leadership. Ni plus ni moins.
Après un retard à l’allumage les bureaux de vote virtuels sont ouverts et nous avons 3 bonnes raisons de voter :
1) Le ministère a affirmé sa volonté de sortir du statu quo d’ici le printemps prochain.
2) 3 syndicats représentatifs défendent la proposition d’un statut :Le SE-UNSA, le SNE, le SGEN-CFDT auquel il faut ajouter la CFTC-éducation… Même si certains projets sont beaucoup plus construits et avancés que d’autres, nous pouvons voter par adhésion afin d’avoir des représentants qui nous défendent aux prochaines négociations.
3) La crainte d’une forte abstention est majeure. Du coup, le vote « Directrices/Directeurs » peut trouver une visibilité « disproportionnée » si… nous nous mobilisons !
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