Depuis sa création le GDiD appelle à voter aux élections professionnelles et profite de ce moment important de la vie professionnelle pour interpeller les organisations syndicales sur notre problématique : quelle reconnaissance pour les Directrices et Directeurs d’école ?
Si nous avons toujours tenu à interroger la totalité des syndicats représentés dans les différentes commissions paritaires, il nous faut aujourd’hui prendre en compte deux réalités :
- la première c’est la prééminence du dossier dans les discussions sur le premier degré. Sans refaire l’historique, depuis 4 ans enquêtes, rapports, mesures même… tous convergent vers la reconnaissance du métier de Directrice / Directeur d’école. La question n’est plus de savoir s’il faut ou non nous donner un statut mais quel statut nous donner. Et le rendez-vous pour la réponse est pris puisque le ministère, dans le cadre d’une alerte sociale, s’est engagé à sortir du statu quo début 2019…
- le second constat que nous devons intégrer, c’est que nous ne sommes plus seuls à porter le dossier. Pendant que certains syndicats s’arc-boutent afin de conserver un statu quo mortifère, d’autres, et non des moindres, actent la « maturité » des personnels enseignants dans les écoles et proposent, plutôt que d’être dans l’incantation, des solutions pour incarner et faire vivre les équipes pédagogiques.
En prenant en compte l’ouverture prochaine des discussions autour d’un statut des directeurs et les réflexions avancées de certaines centrales, nous avons donc décidé de ne nous adresser qu’aux seuls syndicats susceptibles de faire avancer le dossier par des propositions concrètes. À savoir : Le SE-UNSA, le SNE-CSEN et le SGEN-CFDT.
Voilà les comptes rendus de nos échanges sur la même base de questions.
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En premier constat, le SE indique l’impasse de la situation de fonctionnement actuelle qui amène de la souffrance pour les directeurs d’école. Le statu quo n’est plus possible pour tout le monde. La « réflexion sur la direction » est annoncée pour 2019 mais les contours des discussions ne sont pas précisés. Pour le SE-UNSA, il faut trouver des réponses aux difficultés de fonctionnement ressenties par de nombreux Directeurs sur l’ensemble du territoire. Le SE-UNSA s’engagera pleinement dans ces discussions pour porter ses propositions sur plusieurs sujets : Directeur comme adjoints.
Pour sortir de cette impasse, le SE pense qu’il faut aller vers l’établissement du premier degré. Cela ne peut être fait pour tous, d’un coup, de la même manière. Il faut savoir étudier les spécificités de certaines situations (le rural par exemple). Cependant, ce mouvement doit se mettre en avant. Un établissement multisite est possible dans l’esprit des RPI actuels. La structure établissement permettra une meilleure autonomie au niveau de l’école. Pour le SE-UNSA, la structuration de l’école doit évoluer pour la réussite des élèves et la sérénité des équipes pédagogiques. Face à l’absence de statut juridique de l’école primaire, il faut construire un statut d’établissement spécifique à l’école primaire. Les responsabilités seraient ainsi identifiées.
Le SE-UNSA souhaite la création d’une fonction de Directeur d'établissement public d’enseignement : l’enseignant des écoles, Directeur de cet établissement et déchargé totalement, serait alors un interlocuteur institutionnellement reconnu.
Cette transformation de l’école au statut non-identifié vers un établissement public d’enseignement ne peut se faire de façon uniforme et à marche forcée. L’expérimentation sur la base du volontariat conjoint des collectivités et des équipes est nécessaire.
Le SE propose donc qu’il y ait un Directeur d’établissement. C’est pour le syndicat une fonction avec des modalités d’accès spécifiques mais ce n’est pas un corps particulier. Le Directeur d’établissement fait donc obligatoirement partie du corps enseignant.
Pour aider à la reconnaissance de ce Directeur, le SE a mené plusieurs actions dont son soutien au rapport Fotinos qui démontre l’impasse actuel et la souffrance qui augmente. Ces actions permettent de sensibiliser tous les acteurs à la situation de l’école et de son directeur.
Ainsi, pour le SE, Directeur d’école est un vrai métier. Ce métier doit être revalorisé et avoir des meilleurs moyens. L’exercice de ses missions doit être facilité : aide administrative formée et pérenne pour toutes les écoles, formation continue régulière, des animations pédagogiques spécifiques à la direction dans le cadre des 18 heures de formation et amélioration du régime de décharge pour tous.
Le régime amélioré de décharge pourrait prévoir un groupe intermédiaire de 7 à 10 classes, entre la demi-décharge et la décharge totale, où les Directeurs d’école, complètement déchargés de la responsabilité d’une classe, conserveraient une mission d’enseignement, sur le principe d’un maître supplémentaire dans l’école. Le régime de décharges doit être aligné sur celui des écoles maternelles. Il faut un temps supplémentaire de décharge pour les Directeurs exerçant en éducation prioritaire et ceux qui exercent dans une école comprenant une Ulis école, une UPE2A (ex Clin) ou une Clex (classe externalisée).
Les Directeurs d’école doivent être mieux reconnus financièrement par :
• une augmentation de la BI ;
• la création d’un groupe supplémentaire 15 classes et plus ;
• la création d’un groupe 4-9 classes pour la BI ;
• une ISS de 250 euros minimum mensuels.
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Nous avons rencontré les dirigeants du SNE dans un coin tranquille d’un « bistro parisien » … Sympathique et efficace car cela a permis une liberté de ton propice à une discussion sur le fond.
1) L’amélioration des moyens des Directeurs et Directrices ?
Sur ce point, une réponse rapide : Le SNE revendique une augmentation du régime des décharges pour tous les Directeurs d’école, un secrétariat pérenne et des outils performants comme une connexion Internet de qualité par exemple.
2) Concernant l’amélioration de la reconnaissance des Directeurs et Directrices.
Pour le SNE la reconnaissance du Directeur d’école passe par celle de la fonction. Il faut mettre en cohérence une situation de fait, règlementée par les textes de l’EN (décret 89) et les moyens pour assumer les missions confiées. Pour cela le SNE revendique une autorité « fonctionnelle » et une perspective de carrière qui puisse permettre au Directeur d’école de s’accomplir dans l’exercice de son métier et aux PE de continuer d’être évalués par un inspecteur du premier degré. Cette autorité fonctionnelle se veut protectrice pour les adjoints : parents et mairies auront un interlocuteur en capacité de s’opposer à tout entrisme.
3) Pour ce qui est d’un statut de l’école du premier degré ?
C’est un point névralgique. Si le SNE considère que la trajectoire qui consiste à reconnaître dans sa fonction le Directeur d’école, à lui attribuer des moyens spécifiques et à retrouver une certaine autonomie mène à un statut juridique pour l’école, il faut que cela soit dans cet ordre : d’abord reconnaître toutes les Directrices et les Directeurs dans leur métier puis, plus tard, envisager un statut pour l’école. Le SNE rejette ce que l’on appelle l’école du socle, soit le rattachement administratif des écoles à leur collège de secteur.
4) Enfin sur un statut pour les Directeurs et les Directrices d’école :
Le statut du Directeur d’école fait partie de l’ADN du SNE. Mais, à l’approche d’une décision du Ministère qui affirme vouloir sortir du statu quo dès 2019, il se veut prudent. Si le Directeur doit être reconnu par un texte législatif, il devra concerner tous les Directeurs et rester dans le corps des PE. La dépendance au principal du collège est clairement rejetée.
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1) L’amélioration des moyens des directeurs et directrices ?
Avant de répondre à cette question, nous souhaitons apporter une petite précision : le SGEN-CFDT voit les choses dans un ordre différent de celui de vos questions. En effet, nous pensons que la situation des Directrices et Directeurs d’école, comme celle de tous les collègues, ne pourra s’améliorer qu’en modifiant d'abord le cadre de l'exercice professionnel, en prenant évidemment en compte les spécificités et les singularités des pratiques actuelles. Nous y reviendrons donc plus tard.
Dans l’immédiat il est urgent et impératif de prendre de réelles mesures qui pourront significativement améliorer les conditions de travail des personnels. Nous demandons concernant le temps de travail une diminution des temps d’enseignement (temps de décharge augmenté). Surtout, nous revendiquons qu’il y ait une prise en compte de critères supplémentaires pour déterminer le temps réservé à la direction en plus du nombre de classes : le nombres d’élèves, la présence de classes spécifiques, les nombres de dossiers MDPH…
Nous proposons également la dissociation du temps d’enseignement de la charge de classe (proposition reprise par les rapporteuses de la mission flash de l’AN). Dans ce cadre, une annualisation de ces temps d’enseignement serait envisageable et permettrait de gérer en bonne intelligence les différentes temporalités de la vie des écoles.
Nous demandons également une meilleure rémunération avec une bonification indiciaire augmentée au regard des responsabilités réellement assumées.
Par ailleurs, une réelle formation initiale et continue doit permettre une prise de fonction et ensuite un exercice professionnel dans de bonnes conditions.
Pour le Sgen-CFDT ces mesures indispensables ne sont cependant que palliatives. Elles ne permettent pas un changement réel et structurel de l’école. « Après avoir sauvé le malade par tous les moyens, il convient ensuite de tout faire –durablement- pour qu’il ne tombe plus malade » .
2) Concernant l’amélioration de la reconnaissance des Directeurs et Directrices.
Nous avons déjà un peu répondu. Le SGEN-CFDT a toujours défendu l’idée d’un GRAF (grade à accès fonctionnel) pour les Directrices et Directeurs d’école. A l’occasion des discussions PPCR (parcours professionnel, carrière, rémunération) la classe exceptionnelle est apparue comme une opportunité même si nous avons regretté l’abandon du GRAF. Nous aurions pu trouver une solution permettant les deux dispositifs, mais les autres organisations syndicales signataires n’ont pas suivi. Cependant, pour nous, le dispositif actuel de la classe exceptionnelle – même imparfait - permet de reconnaître l'exercice de la fonction de direction sans pour autant retirer des opportunités de promotions aux collègues adjoints. C'est un progrès indéniable obtenu par les signataires de PPCR. Nous souhaitons aujourd’hui que la réflexion sur la reconnaissance de l’école et de tous ses personnels, avec bien entendu un regard appuyé sur les Directrices et Directeurs, soit plus globale et sur toute la carrière.
3) Pour ce qui est d’un statut de l’école du premier degré ?
Clairement oui, nous pensons au SGEN-CFDT que l’école du premier degré, qui repose sur une forme juridique héritée du 19° siècle, devient de moins en moins opérationnelle. Si malgré tout elle continue à ne pas trop mal fonctionner, c’est au prix d’un investissement considérable de tous ses personnels et particulièrement les Directrices et Directeurs d’école.
Il est temps de doter les écoles d’un statut juridique à la hauteur des enjeux du 21° siècle. Pour le SGEN-CFDT il n’est pas question de copier les établissements du 2° degré, de faire de petits collèges, mais bien de tenir compte de la réalité territoriale pour que l’école soit adaptée. Il s’agit de penser la structuration de l’école en fonction de la nature et de la richesse de l’offre éducative de proximité. Mais aussi, de permettre une réelle capacité des personnels à se saisir de leur travail et de son organisation, en cohérence avec les revendications de la CFDT pour le progrès social et l’émancipation des personnels.
Après avoir réfléchi depuis de nombreuses années à cette question dans nos congrès et rédiger des lignes directrices dans nos résolutions, nous avons poussé ces trois dernières années. De plus, nous avons entrepris depuis 18 mois un tour de France des territoires pour échanger avec les équipes dans les départements, les communes, les circonscriptions, avec de nombreuses et nombreux directrices et directeurs (près de 65 interventions pour plus 2500 personnes rencontrées dont 75% de Directrices et Directeurs). Ce qui en ressort, c’est que non seulement les équipes sont prêtes pour aller vers plus d’autonomie dans leur travail, mais qu’elles le souhaitent vivement. Bien entendu, ceci sur la base de nos échanges et de notre projet d’établissement du premier degré qui défend avant tout la possibilité d’expérimenter sur les territoires où les équipes sont volontaires.
4) Enfin sur un statut pour les Directeurs et les Directrices d’école :
Bien sûr. Avec l’évolution vers les établissements du premier degré que nous portons, le statut de la Directrice ou du Directeur d’établissement est nécessaire. Nous souhaitons une évolution vers un statut d’emploi fonctionnel qui est une forme d’emploi qui permet d’exercer la mission dans toutes ses spécificités (référentiel des missions associées) mais qui permet aussi de rester dans son corps d’origine, et donc un retour possible sur un poste d’enseignant.
Durant le temps de la mission on est sur une grille de rémunération spécifique avec des conditions de travail adaptées au réel du poste. Des prérogatives particulières y sont associées (y compris une certaine autorité fonctionnelle). Cela permet de protéger les collègues qui occuperont ces postes. Il s’agit donc d’une forme de statut qui puisse s’adapter aux multiples réalités de l’école du premier degré.
Nous ne croyons pas qu’un statut des Directrices et Directeurs, déconnecté d’une mise à plat préalable du statut de l’école, puisse permettre d’améliorer durablement le fonctionnement des écoles et les conditions de travail de ses personnels. C’est la raison pour laquelle nous tenons à aborder cette problématique sans la dissocier de ses différents aspects.
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Voilà… Comme chaque année d’élection le GDiD appelle donc les Directrices et Directeurs d’école à voter et à faire voter, en espérant que ces comptes-rendus vous permettront de décider qui soutenir. Si nous n’avons pas rencontré les autres organisations syndicales c’est que leurs positions sur la direction d’école sont trop éloignées de nos réalités. Votre vote aujourd'hui est crucial car le dossier est sur la table ! Nous vous invitons donc à choisir, dans tous les scrutins locaux ou nationaux, un ou des partenaires qui portent un projet et soutiennent notre action. Ne votez pas avec vos peurs, mais votez avec vos espoirs et pour un meilleur avenir pour les Directrices et Directeurs d’école.
Pour le GDiD : Alain REI, Pierre LOMBARD, Samuel AUXERRE, Pascal OUDOT
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