Les élections professionnelles de la fin de l'année 2018 excitent les centrales syndicales, dont certaines commencent fort opportunément à se rappeler l'importance des Directrices et Directeurs d'école - qui votent, eux ! - dans le processus décisionnel des enseignants du primaire.
Si le SGEN-Cfdt, le SE-Unsa, le SNALC et d'autres ont depuis longtemps pris position en faveur de la reconnaissance effective du métier de Directeur d'école, avec des projets divers, des idées différentes voire divergentes, mais au moins l'affirmation à peu près claire de la nécessité d'un statut (avec des nuances) pour notre métier spécifique, d'autres en revanche atermoient depuis toujours ou réfutent catégoriquement notre existence. Un exercice est amusant d'ailleurs qui consiste à taper dans un moteur de recherche les mots "directeurs d'école" et ensuite "direction d'école" et de comparer les résultats: d'un côté vous trouverez des liens vers des articles des syndicats progressistes, de l'autre des liens vers des articles des syndicats "bizarres" pour lesquels l'individu n'existe pas sinon au travers du collectif... Suivez mon regard.
Parmi les plus récentes publications, celle du SNOOPY - pardon, du SNUipp, excusez, une vieille habitude - attire mon attention tant elle est bancale. J'ai l'impression que l'élaboration du texte a mobilisé la vigilance des élus nationaux qui voulant ménager chèvre et chou, soit électorat de base et Directeurs d'école, ont choisi chaque mot avec prudence. On peut y voir selon sa concentration un effort grinçant, ou une déclaration de guerre.
Allons, je vous mets le lien, ça me donne de l'urticaire, mais si je veux être clair...
Le syndicat, qui semble-t-il découvre notre situation au détriment de sa propre histoire (nous en avons tous pris plein les dents avec la célèbre "grève administrative" qu'ils ont opportunément oubliée), nous promet des "états généraux de la direction d'école". Passons d'emblée, chères et chers camarades de lutte, sur la rhétorique révolutionnaire qui me fait bien marrer tant j'ai du mal à imaginer un des trois rigolos du triumvirat snuippien en Mirabeau: "Nous sommes ici par la volonté du Peuple!". Il y a des coups de baïonnette qui se perdent...
Passons aussi sur l'obsession des "pressions territoriales" qui consiste à nier d'une part que l'école soit communale, d'autre part que les élus peuvent être nos premiers partenaires à condition de savoir se les allier. Bien entendu je ne nierai pas ici, surtout auprès de certains d'entre vous qui ont eu à gérer des situations complexes, que c'est parfois compliqué voire infernal. Mais cela n'a rien à voir.
En revanche une première phrase m'interpelle gravement au niveau du vécu (... désolé, je n'ai pas pu m'empêcher...): "... Dans ce contexte difficile, il y a urgence à améliorer le fonctionnement pédagogique, éducatif et administratif de l’école ainsi que la reconnaissance de l’exercice de la fonction de direction." Enfer et damnation ! Ciel et putréfaction ! Le SNUipp changerait-il son fusil d'épaule? Que signifie donc cette "reconnaissance de l’exercice de la fonction de direction" ?
Pas grand chose. Concrètement même, cela ne veut rien dire. L'exercice de notre fonction est déjà explicité pleinement par le référentiel-métier de décembre 2014. Quant à sa reconnaissance, le SNUipp ne daigne pas nous expliquer ce qu'il demande. C'est logique, vous me direz, il ne demande rien, il veut juste convoquer des "états généraux", histoire certainement qu'on lui explique ce qui ne va pas. Ce qui implique qu'il n'en sait rien, et c'est un comble. Cela m'agace autant, tiens, que le discours actuel du SE qui nous pond un "enquête" afin de "placer la question de la direction d’école dans le paysage ministériel". T'en foutrai, moi, des enquêtes... M'énerve! Quand je pense que le SE a été à nos côtés depuis tant d'années pour jouer les vierges effarouchées en 2018... Grrrr.
De toute manière, si vous aviez une quelconque illusion quant aux objectifs du, vous pouvez avec allégresse mais détermination vous en tamponner le coquillard. Car le premier objectif de cette décidément inénarrable centrale inexorablement vouée à terme à une disparition peu glorieuse est (je cite) "Une publication pour mettre en avant le projet du SNUipp-FSU pour la direction d’école passant par l’amélioration des conditions d’exercice le projet démocratique pour l’école et la critique de la mise en place d’un statut de directeur d’école." Voilà qui est clair, cette fois. Les mots "projet démocratique" me font encore une fois hurler de rire, je ne savais pas que j'étais élu à mon poste, mais pourquoi pas, hein, qui n'ose rien n'a rien, même Robespierre après avoir guillotiné la moitié de ses contemporains a fini par crever couché sur une table la mâchoire arrachée.
Bref, cette découverte, si elle m'a mis en joie, n'a même pas été une illusion momentanée. Le Snoo... le machin ne veut pas de statut pour les Directrices et Directeurs d'école, un point c'est tout. Vous attendiez autre chose?
Moi oui. J'attends maintenant les offensives de SUD, de la CGT, de FO. Parce que j'aime bien rigoler.
4 commentaires:
A vomir, tous ces syndicats qui défendent toutes les causes de la Terre (Avs, psy, Evs, Assitant en langues, Atsem, Stagiaires en tout genre, Sans papiers, primo arrivants, homo, hétéro, transgenre, aveugles, sourds, muets, cul de jatte...) mais qui semblent ignorer le maillon essntiel de ntre profession: le DIRECTEUR d'école, oui je dis bien le directeur! Quel gros mot! Un statut ou une statue et vite avant implosion!
Une statue non ! Un statut oui!
Le Se, je pense, reste un partenaire incontournable car le Sgen est trop minoritaire pour servir notre cause.
Elle est aussi accrue par une incapacité de l’école à décider faute de statut. Pour le SE-Unsa, la question du statut de l’école ne peut plus attendre. L’école doit trouver un nouveau cadre juridique et administratif qui lui permette notamment de prendre des décisions qui sont, aujourd’hui, prises ailleurs. Ce nouveau cadre doit aussi lui permettre de fonctionner avec le personnel nécessaire à la réalisation des tâches et missions qui lui incombent, au premier rang desquelles celles liées au secrétariat administratif.
Le SE incontournable? Je veux bien, mais pour l'instant il n'en donne pas les arguments, que j'aimerais bien entendre. Et pas mezza voce.
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